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Réformisme musulman et Islam en Algérie.

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Posté le : 25/07/2005 à 19:53 (Lu 2589 fois)
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Commentaire :  La crise de conscience musulmane




"Dors, la nuit est noire, le chemin est dur, le but est loin, ta monture est fatiguée et son bagage est petit"

La crise de conscience musulmane,

Lorsque, au siècle dernier, les Français débarquèrent à Alger, le monde musulman était déjà travaillé en profondeur par une série de courants d'idées, de mouvements sociaux aux tendances novatrices se traduisant par des luttes sourdes ou déclarées avec les institutions en place, par des sécessions et des révoltes. Tous ces courants, même lorsqu'ils s'affirmaient en fait essentiellement conservateurs, étaient animés par un désir, violent, quoique confus encore dans son expression de changement, de régénérescence ou d’évolution.
La fin de l'ère médiévale avec ses structures sociales et économiques, sa conception du pouvoir et son interprétation du monde avait sonné depuis bien longtemps. L'ère moderne n'avait fait que s'étendre et se préciser, caractérisée par les grands bouleversements apportés dans l'histoire de l'humanité par l'évolution décisive des rapports sociaux, les découvertes scientifiques et les révolutions techniques. L'univers se transformait rapidement et l'Europe qui se trouvait être à l'avant-garde de ce mouvement historique affirmait sa prétention à l'hégémonie planétaire, lâchant la bride à son impérialisme naissant et utilisant l'universalité de la science et de la technique moderne pour se poser en législatrice universelle.

Les premiers essais d'adaptation au monde moderne
Sous la pression à la fois d'un déséquilibre interne de plus en plus sensible et des menaces précises qui la guettaient de l'extérieur, l'ancienne société musulmane se mit à faire son autocritique, à s'interroger sur son destin pour se frayer une voie dans le monde nouveau qu'elle ne pouvait de moins en moins ignorer.
A Constantinople, capitale du Khalifat, l'esprit de réforme gagnait les sphères de l'Etat et le Sultan, qui se trouvait à la tête d'un Empire ébranlé dans ses fondements, se voyait contraint de gouverner en despote éclairé. Au Caire, l'impulsion hardie de Mohammed Ali faisait sentir ses effets salutaires. Tandis qu'à Tunis Kherredine traçait d'une main sûre la ligne de l'émancipation moderne de la Tunisie, à Fès, l'on assistait à l'éclosion des mêmes tendances modernistes. En Algérie, après la chute d'Alger et le départ de Hussein et de sa famille pour l'exil, l'Emir Abdelkader prit en mains les destinées de la nation et organisa la résistance contre l'envahisseur français. Ce furent certes, 17 années de lutte héroïque, mais ce qu'on a souvent omis de souligner, ce furent aussi 17 années d'efforts acharnés pour réorganiser le pays sur des bases nouvelles et promouvoir enfin cette renaissance à laquelle chaque pays musulman de l'époque aspirait et appelait de tous ses voeux.
Le jeune Etat algérien se construisit hâtivement dans le feu de la résistance, atteignit son apogée lorsque l'envahisseur eut à le reconnaître en signant en 1837 avec l'Emir Abdelkader, le traité de la Tafna. Mais avec la défaite d'Abdelkader, ce fut la fin de l'indépendance et avec elle la ruine des perspectives prometteuses qu'ouvrait pour le pays le mouvement de renaissance amorcé durant la longue Résistance algérienne.



Re: Réformisme musulman et Islam en Algérie. [294]

Invité(e)




Posté le : 25/07/2005 à 20:00 (Lu 2588 fois)
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"Dors, la nuit est noire, le chemin est dur, le but est loin, ta monture est fatiguée et son bagage est petit"

suite..

L'intervention des impérialismes
Il est toujours malaisé et surtout vain d'essayer d'entrevoir ce que l'histoire aurait été si elle n'avait pris tel cours déterminé. Ce sont pourtant deux écrivains colonialistes, les frères J et J Tharaud qui se demandèrent un jour dans un accès de sincérité, si les peuples du Maghreb ne seraient pas beaucoup plus avancés aujourd'hui dans le cas où, précisément, le fardeau de la domination coloniale leur avait été épargné.
Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'au siècle dernier le monde musulman conscient de ses contradictions internes, de son retard et de ses structures archaïques qui craquaient de tous côtés, était sur le point de s'engager d'une manière décisive et de par ses ressources intrinsèques dans un vaste mouvement de rénovation et de projets. Le surgissement des différents impérialismes occidentaux entrava cette marche en avant, bloqua les velléités de mutation et tua souvent dans l'oeuf, comme ce fut le cas en Afrique du nord, les germes précieux d'une évolution pacifique ébauchée par des hommes d'Etat éclairés et voués au service de leurs peuples.
L'image d'une société musulmane condamnée à piétiner sur place et figée dans des formes immuables a été collée aux peuples de l'ancien Empire musulman comme une marque d'infamie indélébile.
Les impérialistes avaient beau jeu en portant des jugements définitifs sur ces peuples considérés comme radicalement réfractaires à tout mode d'évolution. En cela ils faisaient mine d'oublier que leur système de domination n'était pas étranger à la stagnation tant décriée des pays d’Islam et qu'ils usèrent de toutes leurs forces pour maintenir cette stagnation et l'aggraver après avoir stérilisé les différents courants novateurs qui apprêtaient à y mettre fin.

Les nationalismes
Avec la main mise des conquérants, c'est dans le nationalisme que durent s'exprimer les mouvements d'émancipation de la société musulmane.
Trois sortes de nationalismes peuvent être distinguées grosso modo dans ce qui fut l'ancien Empire ottoman. Le nationalisme panislamiste, diffus et inadéquat aux réalités de l'époque, fut utilisé notamment par le Sultan de Constantinople à des fins réactionnaires, et ne pouvait survivre au lendemain de la première guerre mondiale.
Ce nationalisme a trouvé en Djamel El Afghani, un représentant illustre dont l'action sur le plan idéologique et pédagogique contribua à accélérer la prise de conscience des peuples musulmans dans la lutte contre l'impérialisme et les forces obscurantistes sous toutes leurs formes.
Le nationalisme panislamiste à la suite du démembrement de l'Empire ottoman céda pratiquement la place à deux autres nationalismes:

1-Le nationalisme turc, avec à sa tête Kemal Attaturk qui sauva in -extremis son pays de la tutelle coloniale au lendemain de la première guerre mondiale; ce nationalisme qui se caractérise par sa rupture brutale avec le réformisme musulman, imposa de l'extérieur les réformes qu'il estima nécessaires pour faire de la Turquie Kémaliste une nation moderne, en tous points semblables aux nations européennes.

2-Le nationalisme arabe qui s'est développé à la fois contre l'oppression de la bureaucratie ottomane et contre la domination anglo-française qui lui a succédé. Ce nationalisme s'est spécifié selon les exigences particulières des différents pays arabes: nationalisme égyptien, irakien, libanais, etc. Tout en conservant son unité d'inspiration et d'objectifs.
C'est dans le cadre de ce nationalisme que s'est développé ce qu'on a appelé le mouvement de "Renaissance arabe" (En Nahda). Ce mouvement porte le sceau du réformisme musulman sous l'influence duquel il a pris son libre essor.

Le réformisme musulman, sa force...

Le réformisme musulman dont le représentant dans les pays arabes fut l'egyptien Mohammed Abdou, s'est assigné pour tâche d'ouvrir à la société musulmane les possibilités de s'adapter au monde moderne, de tirer profit des découvertes scientifiques et techniques et d'y participer, en se débarrassant des idées et des pratiques moyenâgeuses étrangères à l'Islam et incompatibles avec lui.
Condamnation du traditionalisme aveugle, du principe d'autorité, réhabilitation de la science, de l'investigation indépendante et de l'esprit critique, tels sont les thèmes principaux de l'enseignement du Cheikh Abdou. Celui-ci s'efforça à la lumière d'un néo-rationalisme musulman qui plonge ses racines dans le Troisième siècle de l'Hégire, de concilier Islam et Science. L’Islam étant considéré par lui comme la religion par excellence où la foi et la raison, loin de s'exclure mutuellement, cohabitent d'une manière harmonieuse.
Ce passage extrait de "Rissalat El Tawhid" ( traité de thélogie unitaire) fera mieux comprendre l'esprit qui anime la doctrine de Mohammed Abdou:
" L'Islam a condamné le "Taqlid" c'est à dire l'imitation aveugle dans les croyances et l'exercice mécanique dans les devoirs religieux et lui a porté des coups décisifs; il dispersa ses cohortes qui avaient conquis les esprits, il arracha ses racines qui s'étaient implantées dans les intelligences; il démolit ses colonnes et ses arcanes sur lesquelles s'appuyaient les croyances des peuples. L'Islam tira l'intelligence de son assoupissement, il la réveilla du long sommeil dans lequel elle s'oublie, car chaque fois qu'un rayon de vérité pénétrait jusqu'à elle, elle entendait la voix des serviteurs des faux dieux, lui murmurer:
"Dors, la nuit est noire, le chemin est dur, le but est loin, ta monture est fatiguée et son bagage est petit"
L'action des réformateurs comme cheikh Abdou, contribua à faciliter l'oeuvre de modernisation dans les pays arabes en s'attaquant aux obstacles et aux préjugés. Cette action fut notamment bénéfique en Algérie où le mouvement Salafi incarné par l'Association des Oulémas, joua un rôle important dans la démystification de la conscience musulmane en mettant fin à l'influence toute puissante des confréries.
Le problème qui s'est posé à la société musulmane au siècle dernier demeure toujours d'actualité malgré l'immense progrès enregistré jusqu'ici pour le résoudre, essentiellement dans la transformation de cette société en société moderne et de son passage du Moyen-âge aux formes d'organisation spécifiques de notre époque.
Mais transformer la société musulmane en société moderne ne signifie pas toujours imiter l'Occident de l'extérieur, imposer par la force le costume et la coiffure européennes, introduire un parlementarisme artificiel ou adopter l'alphabet latin. C'est avant tout détruire d'abord les structures économiques et sociales du féodalisme et leur substituer des structures démocratiques et libérer ensuite, par un travail continu, les masses des survivances et des préjugés millénaires qui ont toujours tenu en laisse leur conscience et aggravé leur servitude.
Le réformisme d'un Cheikh Abdou représente un effort incontestable de désaliénation de la conscience musulmane et sa libération de l'Islam féodal.
Force nous est cependant de reconnaître qu'un tel effort, qu'il s'agit du reste de développer et poursuivre inlassablement, s'est avéré insuffisant.
Quel que soit le zèle de ses promoteurs, l'action du réformisme musulman est demeurée limitée à des cercles restreints, ne touchant réellement que les élites et les classes dirigeantes des pays arabes.
Quels que soient les efforts pédagogiques déployés pour le faire pénétrer au sein du peuple, les résultats demeurent limités. Sans des changements sociaux profonds à la faveur desquels celui-ci institue ses droits démocratiques, les enseignements du réformisme musulman manqueront d'efficacité et n'atteindront pas pleinement leur objectif primordial, à savoir le progrès de la société musulmane.

L'Algérie fossilisée
Le travail de "désaliénation" indispensable à la construction d'une société viable et équilibrée répondant aux exigences de la conscience contemporaine n'a de chance d'aboutir que s'il dépasse le stade de l'enseignement didactique pour s'insérer dans un mouvement d'évolution.
L'expérience montre que tant qu'on n'a pas la possibilité de transformer la vie, tant qu'on n'a pas devant soi, ouvertes toutes grandes, les perspectives pratiques d'agir sur elle, la conscience se détourne instinctivement du réel pour se perdre dans ce qui n'en est que l'abstraction et le reflet dégradé. Faute de pouvoir s'approprier la substance du monde, la conscience se réfugie craintivement dans le rêve dans lequel elle s'abîme.
Eloigné de toute responsabilité politique et civique, en proie aux humiliations quotidiennes et aux contraintes permanentes, l'algérien devenu "aliéné" se réfugiait dans une morne résignation ou dans un formalisme moral sans contenu, qui ne font que traduire la vanité de l'effort et l'inutilité de la vie.







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