Tlemcen cité des arts et de l'histoire

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Chers(e) disparus (es) [737]

-Tourabe-




Posté le : 20/09/2005 à 17:24 (Lu 15840 fois)
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Commentaire :  Une pensée pour eux.



De son vrai nom Aïcha Belhalfaoui, Nina Hayat s’est éteinte vendredi dernier en France, à la suite d’une longue maladie. Journaliste d’origine algérienne, Nina Hayat a passé son enfance entre Paris et Berlin avant de découvrir son pays, l’Algérie, en 1963.
Détentrice d’une double culture, elle a longtemps été tiraillée entre l’Algérie et la France, ses deux patries, et a finalement choisi la France. A la fois journaliste, écrivaine et poète, la regrettée Nina Hayat a signé de remarquables ½uvres dont La Nuit tombe sur Alger (chronique), édité en 1995, Des youyous et des larmes, édité en 1998 et L’Indigène aux semelles de vent. Avec un style fluide et concis, Nina Hayat a couché sur le papier des histoires, tirées la plupart du temps de la réalité. Dans son sublime livre La Nuit tombe sur Alger, l’auteur choisit une héroïne qui, a priori, lui ressemble pour raconter l’histoire d’une journaliste francophone, progressiste, moderniste, vivant au quotidien des moments de barbarie. Ce personnage est une cible toute désignée pour les terroristes. « Tout ce que je raconte a été vécu, par moi-même ou par des proches », avait affirmé Nina Hayat. Cette dernière a réussi à faire vivre le combat de ces intellectuels, dont le travail est en soi un acte de résistance. Elle a plongé le lecteur au c½ur des peurs irrépressibles qui les assaillent, les traquent jusque dans leur sommeil. Nuits terribles que celles d’Alger au temps du terrorisme. « Mais Nina Hayat cherche aussi dans le passé de ses héros et de leurs familles, c’est-à-dire dans l’histoire de son pays, les racines du mal qui le ronge : le colonialisme, mais aussi tout un système d’éducation et de gouvernement, l’arabisation bâclée, une vision officielle de l’histoire largement falsificatrice, un manque criant de démocratie. » Dans son second livre, Des youyous et des larmes, Nina Hayat invite plus d’un à découvrir les arcanes d’un village d’Algérie en 1958. L’armée qui ratisse et pacifie viole la mère de la narratrice. « Est-ce sa mère, est-ce sa terre d’Algérie ? Novembre 1995, l’héroïne se rend au chevet de sa mère mourante. Est-ce sa mère, est-ce sa terre ? Car aujourd’hui, l’Algérie est pour notre malheur à tous une plaie béante. » Son dernier livre, L’Indigène aux semelles de vent, « est un livre autobiographique où l’auteure rend un vibrant hommage à son père en racontant la vie de cet homme hors du commun ». Nina Hayat était au nombre des femmes qui ont reçu le prix, décerné chaque année par l’Association de défense des droits de l’homme et des libertés que préside Georges Marchais. En 2003, il honorait le combat des femmes algériennes. Quelques jours plus tard, à leur tour, le Figaro et RTL désignaient ces femmes « l’homme de l’année ». « Cela fait chaud au c½ur, avait affirmé Nina Hayat, de voir notre combat enfin reconnu par les intellectuels français. On aimerait que cela se passe aussi en Algérie où nous ne sommes soutenues que dans les milieux progressistes. » Il est à noter, par ailleurs, qu’outre sa première passion, l’écriture, Nina Hayat a réalisé des vitraux. A ce propos, elle estimait que « le livre et le vitrail ont un point commun : ils diffusent la lumière ».

Nassima Chabani




L’existence vagabonde de Mohamed Belhalfaoui

(MFI) "Indigène algérien musulman non naturalisé français" ou IAMNNF : tel était le statut au temps de l'Algérie française de Mohamed Belhalfaoui, un statut qu'il partageait avec des millions d'autres. Pourtant Mohamed Belhalfaoui avait réussi son bac et obtenu son diplôme d'instituteur. Une performance à l'époque, en 1933. Par la suite, Mohamed Belhalfaoui collectionnera les titres universitaires, tout en menant une existence vagabonde, animée par une passion, celle de donner ses lettres de noblesse à la littérature orale du peuple algérien, et donc à l'arabe dialectal. C'est l'histoire de cet intellectuel hors norme que raconte sa fille, Nina Hayat, dans un livre joliment intitulé L'Indigène aux semelles de vent. Car son père passera sa vie à émigrer et revenir, entre la France et l'Algérie, avec un intermède à Berlin-Est. Son départ précipité de Paris en 1959 pour la République Démocratique Allemande n'a qu'une seule raison : la police française lui a demandé d'enseigner l'arabe dialectal à ses agents qui pourchassent alors les Algériens soupçonnés de sympathie pour le FLN, et il préfère s'exiler plutôt que d'accepter. De RDA, il revient en Algérie après l'indépendance, et y occupe divers postes importants, mais son esprit frondeur lui vaut quelques démêlés avec l'administration de son pays, et il repart à Paris enseigner l'arabe à l'Ecole des Langues Orientales. Il mourra en France, non sans avoir publié, très artisanalement, un recueil de contes algériens.Pierre Vidal-Naquet a préfacé ce livre de Nina Hayat, qui est son troisième ouvrage, après La nuit tombe sur Alger la Blanche (avec une préface d'Edmonde Charles-Roux) et Des youyous et des larmes.

Nina Hayat : L'indigène aux semelles de vent, Editions Tirésias, 161 p., 100 FF, 15,24 ¤uros.






Re: Chers(e) disparus (es) [808]

-Abou Talib -




Posté le : 28/09/2005 à 07:54 (Lu 15834 fois)
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Il y a 10 ans, Aboubekr Belkaïd



Dix ans. Pour certains c’est très long. Pour d’autres, c’était hier, un battement de cil, aussi court que la détonation de l’arme qui a fait passer Aboubekr Belkaïd de vie à trépas, un certain jeudi 28 septembre 1995.

Dix ans. Comme première réaction, on serait tenté de dire: déjà ! Mais la logique de ce mot renvoie à la précipitation, alors que le souvenir de l’homme qu’était Aboubekr Belkaïd invite à la halte et à la méditation. Et lorsqu’on fait partie intégrante de la tragédie algérienne, le nombre d’années compte peu ou prou, on est toujours présent, on est l’exemple, la référence, car l’Histoire perpétue. La postérité prend alors le relais de la vie interrompue. Une autre dimension.

«Ceux qui ont décidé de le faire disparaître physiquement étaient loin d’imaginer que sa pensée et son charisme allaient survivre avec une telle force pour venir hanter leurs consciences», écrivait sur ces mêmes colonnes, il y a une année, Ahmed Bedjaoui.

Ceux qui sont nés un 28 septembre 1995 ont aujourd’hui 10 ans. Ce sont presque des adolescents. Mais savent-ils qui est Aboubekr Belkaïd, celui qui est mort le jour où ils sont nés, que leur a-t-on appris sur lui à l’école ? Y a-t-il un futur Belkaïd parmi eux ? Si vraiment l’Histoire est un perpétuel recommencement, alors il n’y a point lieu d’en douter et, sans démagogie aucune, l’Algérie a et aura toujours des hommes de cette trempe.

Aboubekr Belkaïd était, en fait, un homme foncièrement optimiste, aimant profondément son pays. Et c’est de là, assurément, que découlaient sa vision et ses espoirs sur un avenir meilleur pour l’Algérie. Il était profondément convaincu qu’elle sortirait un jour de sa crise, qu’elle se réconcilierait avec elle-même et avec ses enfants, et ses enfants avec elle. Il faut dire que les liens de cette nature ne peuvent jamais se briser aussi bêtement.

Aboubekr Belkaïd est né le 19 mars 1934. Un 19 mars, un signe ? Il était le fils d’une grande famille tlemcénienne, avec des racines bien ancrées. Et pour cause, même s’il n’avait pas été ministre, c’était surtout le fils d’une puissante zaouïa, la zaouïa des Belkaïd ou la zaouïa «belkaïdia», comme on l’appelle communément, et qui rayonne depuis longtemps sur tout l’Ouest algérien et bien au-delà. Cette caractéristique, ce germe de la tradition qu’Aboubekr Belkaïd portait en lui n’était nullement en conflit avec l’homme moderne qu’il avait choisi d’être. Tout au contraire. Une richesse indéniable, une assurance. Et pour reprendre le cours de sa biographie, comme racontée dans l’annuaire politique de l’Algérie, l’Histoire retiendra que Aboubekr Belkaïd a été syndicaliste et militant au sein de la Fédération de France du Front de Libération Nationale. Il était même l’un de ses membres les plus actifs. En février 1961, il est arrêté et emprisonné et sera libéré au cessez-le-feu, le 19 mars 1962, le jour de son anniversaire. D’ailleurs, ce jour-là sera désormais commémoré, chaque année, comme «Aïd Ennasr», la fête de la victoire. Curieux destin tout de même.

On note également dans son parcours que Belkaïd, après le recouvrement de l’indépendance, était proche de l’opposition au pouvoir et de Mohamed Boudiaf, homme historique au destin tout aussi tragique que le sien. Ses positions le mèneront à l’exil, mais Aboubekr Belkaïd reviendra en Algérie le 19 juin 1965. Il fut alors nommé à la tête de l’Ecole nationale d’administration, la fameuse ENA. Il y restera jusqu’en 1971. En 1973, il fut désigné comme Directeur des études auprès de la Présidence de la République, et ce jusqu’en 1977. Il gravit ensuite un à un les échelons. Entre 1977 et 1980, il occupe le poste de Secrétaire général du ministère de l’Habitat dans le gouvernement de Abdelhamid Brahimi. Cela le conduira à des nominations plus importantes: vice-ministre chargé de la Construction, ministre de la Formation professionnelle et du Travail, puis ministre de l’Enseignement supérieur en 1987. En novembre 1988, sous le gouvernement de Kasdi Merbah, Aboubekr Belkaïd est désigné comme ministre de l’Intérieur et de l’Environnement, puis, dans le gouvernement de Sid Ahmed Ghozali, en 1991, ministre chargé des Relations avec le Parlement et les associations politiques.

Le vent du multipartisme commençait à souffler alors sur l’Algérie, une période charnière de l’Algérie contemporaine. C’était également le début de la tragédie algérienne, des années rouges. La même année, en octobre 1991, succédant à Cheikh Bouamrane, il occupera son ultime poste de ministre, celui de la Culture et de la Communication. Ceux qui l’ont bien connu, à cette époque, disent qu’il y a un avant et un-après Belkaïd. Son passage à la tête de ce ministère reste une référence pour les professionnels du secteur.

Par ailleurs, à la suite de l’interruption du processus électoral, il entreprend, en compagnie de l’ancien ministre des Droits de l’homme, Ali Haroun, les démarches nécessaires pour convaincre feu Mohamed Boudiaf d’accepter de diriger le Haut Conseil de l’Etat (HCE). Le 28 septembre 1995, à sa sortie d’une assemblée générale de l’organisation de la Fédération de France du FLN, Aboubekr Belkaïd fut assassiné. Il est mort parmi ceux avec qui il avait commencé sa vie militante.

Aujourd’hui, 10 ans après, on peut toujours dire qu’il est entré dans la postérité, dans l’Histoire avec un grand H, que sa pensée n’est pas morte et que son message de paix est encore vivace, que ses idées vivent toujours et sont celles de tous les Algériens qui aspirent à un avenir meilleur mais... Mais il aurait pu apporter tellement plus aujourd’hui, car l’Algérie vit, en ce moment, une autre période, tout aussi décisive, tout aussi charnière.

Mustapha Mazari



A Aboubekr



Cher Boubekeur,

Voilà dix longues années que tu nous as quittés pour toujours. Certains diront: déjà dix ans, c’était hier ! Non, pour tes proches et tes amis, ce n’était pas hier, c’est au contraire excessivement long et insupportable à vivre.

Triste fut pour ta famille, en particulier, et pour tous tes amis la journée de ce jeudi fatidique où tu as été lâchement assassiné à la sortie d’une assemblée de l’organisation de la Fédération de France.

Ceux qui t’ont assassiné ne l’ont pas fait au hasard, car parmi tous les autres participants à cette réunion, tu étais celui qu’il fallait supprimer. Tu représentais pour eux le symbole de la défense de l’Etat républicain qu’ils voulaient détruire et faire taire toute opposition par la terreur.

Infatigable, tu étais présent partout à travers le territoire national, que tu sillonnais en long et en large pour participer aux grandes manifestations organisées en faveur de la République, pour la démocratie et la liberté.

Tu tenais à assister aux funérailles des victimes du terrorisme, à compatir à la douleur de leurs familles et à réconforter ces dernières.

Ta présence sur la scène politique et ton combat permanent étaient très remarqués.

Tu n’as ménagé aucun effort pour combattre une idéologie rétrograde, défendre la démocratie naissante et le pluralisme politique, développer une vision moderniste et ouverte sur le monde.

Si à Alger, où ta maison ne désemplissait jamais, cela était naturel et, dirais-je, le menu quotidien de l’homme d’Etat et le politique que tu étais pour débattre des problèmes du pays et de son avenir, tu n’hésitais pas à te déplacer à l’intérieur du pays où des citoyens épris de liberté, coupés de l’information, trouvaient en toi le nationaliste de toujours et le pédagogue alliant toujours la réflexion en vue de l’action.

Courageux, tu n’hésitais pas, malgré l’insécurité, à prendre des risques énormes pour ta vie, à saisir ton bâton de pèlerin et à te rendre auprès de ces hommes et femmes de bonne volonté pour les informer, les encourager à continuer la lutte jusqu’à la victoire dont tu n’as jamais douté, mais aussi à les écouter avec beaucoup d’attention et d’humilité.

Ta sérénité, ta détermination et ton optimisme durant ces années tragiques pour le pays étaient contagieux et inspiraient l’admiration, le respect et la confiance.

Que de soirées mémorables passées avec un cercle restreint d’amis jusqu’à des heures avancées de la nuit, dans des débats d’idées passionnants et captivants sur l’avenir de l’Algérie. Je te revois au moment de prendre la parole, tirer un petit peigne de la poche intérieure de ta veste, le passer dans les cheveux, extraire une cigarette de son paquet, en tapoter le bout sur la table sans l’allumer, et prononcer un «eh bien» qui était le signal du début d’une intervention sur la situation générale, précédée de certaines informations que tu t’empressais de nous communiquer en premier lieu. Je pense que tu savais que nous étions inquiets et avides de connaître les derniers développements de la situation politique et sécuritaire qui constituaient les préoccupations majeures des citoyens.

Puis c’était au tour de l’homme d’Etat de s’exprimer, bien sûr sur l’état général du pays mais surtout sur son avenir, les choix politiques, le pluralisme, l’approfondissement de la démocratie, les réformes et choix économiques, le développement, la position de l’Algérie dans le monde, dans le Bassin méditerranéen et ses relations futures avec les pays du Maghreb notamment. Battant et optimiste comme toujours, tu étais convaincu de l’issue du combat et tu te projetais déjà dans la construction de l’avenir de la nation. Ton engagement était total pour tes convictions et tes nobles idéaux. Nationaliste dans l’âme, tu as consacré et voué toute ta vie et jusqu’à ton dernier souffle à ton pays.

Adolescent, tu t’es engagé dans la lutte nationaliste, à l’instar de beaucoup de jeunes de Tlemcen, berceau du nationalisme.

Ta condition sociale était modeste, comme celle de la majorité de la population à l’époque. Elle t’incitait à aspirer à une vie meilleure, plus équitable, et à combattre les inégalités flagrantes et injustes du système colonial.

Tu habitais le quartier populaire de l’allée des Mûriers où tu pouvais voir Messali Hadj rendre visite, quand les circonstances le lui permettaient, à sa soeur, dont le domicile était voisin du vôtre. Cet homme charismatique et imposant, à la longue barbe, portant une gandoura, une chéchia et la canne à la main, impressionnait et attirait la jeunesse de l’époque.

Le nationalisme représentait «la nahda», l’espoir et le renouveau et était l’objet de toutes les discussions de la population, particulièrement des cercles de la ville où se rencontraient les intellectuels.

Tu t’es engagé ensuite à fond et sans aucune restriction dans la guerre de libération nationale. Après l’indépendance, tu as continué la lutte pour apporter ta contribution à la reconstruction du pays. Le commis et l’homme d’Etat que tu as été n’ont ménagé aucun effort pour l’intérêt national.

Tes amis ne t’ont jamais oublié. Ils se rappellent et évoquent tes idées à l’occasion de chacune de leurs rencontres, et en toutes circonstances. Ils ne t’oublieront jamais. Les graines que tu as semées continueront à germer, à fleurir et à essaimer pour propager tes nobles idéaux.

Si physiquement tu n’es plus là, tu es et tu seras toujours présent dans leurs coeurs et dans leurs esprits.

Tu continues à les rassembler autour de ta tombe où, chaque année, ta famille, tes amis, tes admirateurs ou de simples anonymes se retrouvent pour la fleurir, réciter une prière, évoquer un souvenir ou une anecdote. Ils sont de plus en plus nombreux, d’année en année, à venir se recueillir sur ta tombe, signe de reconnaissance de tes grandes valeurs humaines et des efforts colossaux accomplis durant cette terrible et tragique période.

Non, tu n’es pas mort dans le coeur de ceux qui t’aiment car ils ne t’oublieront jamais. Tu n’es pas mort car, comme tu le répétais souvent, empruntant au célèbre révolutionnaire italien Gramsci, au pessimisme de la réalité, tu as toujours su opposer l’optimisme de la volonté et ton amour incommensurable pour ton pays et son peuple.

Tu peux dormir en paix, Boubekeur, dans ton sommeil éternel, avec la satisfaction du devoir accompli.

Mounir GAOUA


Re: Chers(e) disparus (es) [818]

- Abou Talib Bis-




Posté le : 29/09/2005 à 10:15 (Lu 15831 fois)
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Aboubekr Belkaïd : un exemple d’engagement, d’humilité et de courage

Par Benali El-Hassar

Dix années après sa disparition Aboubekr Belkaïd laisse encore et parmi ceux qui l’ont connu, le souvenir d’un homme affable, d’un grand humanisme. Ce fils d’artisan-brodeur et d’une mère descendante d’une noble famille de savants, les Okbani , originaire d’Andalousie, réputée au Moyen-Âge pour la lignée d’hommes de science qu’elle a produite, avait déjà très jeune aspiré au destin qui fut le sien en militant, dès l’âge de quinze ans, dans la section des «achbels» du Mouvement pour le triomphe des Libertés démocratiques (MTLD) avec Mourad Hamidou, Bénali Sbâa, Benhabib Abdelkrim, le martyr de la Révolution Abderahmane Sidjelmaci. Il était très proche des militants dont certains ont donné leur vie pour que vive le pays, libre et indépendant. Dans ses récits de jeunesse à Tlemcen, il évoquait les liens profonds d’amitié qui le liaient à ces derniers et à d’autres, dont nombreux sont tombés au Champ d’honneur dans les maquis ou lors d’opérations de guérilla urbaine, «fida», d’un grand héroïsme. La lutte pour l’Indépendance était au centre de questions les plus graves agitant l’esprit des nationalistes. Depuis longtemps déjà, dans la cité, la culture patriotique était au coeur de l’activité des cercles d’obédience politique représentant différents courants, tels: Nadi saâda, Nadi radja, Nadi islami... et qui furent des foyers ardents du nationalisme. Comme tous les jeunes de son âge, il fut lui aussi fasciné par la personnalité militante de Messali Hadj dont il gardera, intact le souvenir, notamment les visites qu’il rendait, sous surveillance policière, racontait-il à sa soeur qui habitait dans le voisinage de sa maison paternelle. Abdelkader Alloula, grand homme de théâtre et de culture, qui sera également assassiné lors des années sanglantes, habitait dans sa prime jeunesse, le même quartier. Tlemcen qui ne l’a pas oublié honorera sa mémoire en baptisant, en son nom sa maison de la Culture. La belle jeunesse tlemcenienne des années 5O donnait déjà le meilleur exemple d’engagement pour la libération du pays. C’est dans un climat de militantisme qui imprégnait le milieu sous l’effet du nationalisme, que sa personnalité se renforcera pour s’affirmer davantage encore pendant la lutte pour l’Indépendance de l’Algérie. Aboubekr Belkaïd quittera définitivement Tlemcen pour se rendre en 1956 à Alger puis en France où il intégrera les cellules de la Fédération de France.

A la libération du pays, il sera sur le front de tous les engagements en faveur des droits démocratiques. Dans son réquisitoire des pouvoirs qui se sont chassés l’un, l’autre, il déplorera la stagnation, le recul et la situation permanente de crise qui, expliquait-il, avait donné priorité à la force. Dans l’opposition il est successivement membre actif du PRS (Parti républicain socialiste) fondé en exil en France par Mohamed Boudiaf puis, membre fondateur du FFS (Front des Forces Socialistes )

Le parcours militant indépendantiste d’Aboubekr Belkaïd sera extrêmement riche en contacts humains et en responsabilités politiques. Son engagement en faveur des droits et des libertés se manifestera dans la clandestinité, puis ouvertement et avec détermination pour peser plus tard, de tout son poids, sur son destin. Fort de sa culture et son expérience, il se distinguera avec réalisme en faveur des Libertés politiques, intellectuelles et culturelles. Politiquement, il était en faveur de l’arrêt de la marche vers l’abîme et du retour de Mohamed Boudiaf d’exil du Maroc. Son combat idéologique était nettement déterminé en faveur des Libertés politiques qu’il considérait comme un levier du progrès et de la modernité. Sans jamais perdre d’illusion, il occupera plusieurs postes ministériels, guidé en cela uniquement par sa volonté de changement du système dans sa substance, ne pouvant passivement laisser faire «la misère politique des systèmes et des appareils qui occultaient des réalités intangibles». Il était très proche de l’élite intellectuelle et scientifique globalement en retrait et qui était, jusque-là, indifférente aux mots d’ordre purement politiques et qu’il cherchait à motiver et à préparer aux responsabilités démocratiques. L’idée de créer un parti républicain regroupant les forces modernes de progrès a sans doute effleuré, un moment, son esprit sans rien concrétiser restant aussi très proche des partis démocrates. Son projet de construction démocratique plaidait en faveur d’une décentralisation comme choix de progrès social, économique et culturel. Il attachait, par ailleurs, une grande importance aux leçons de l’histoire inspiré d’Ibn-Khaldoun, Frantz Fanon dont il citait souvent les oeuvres pour avancer et stimuler par l’esprit et le dialogue: le progrès, le respect des droits universels, de liberté d’expression, de culture, de justice. Son rôle en faveur de l’émergence de l’élite était sans doute dicté du souci de faire sortir celle-ci de ses ghettos et de sa marginalisation pour gérer les facteurs de changement et de modernisation. Son apostolat consistait à faire émerger une classe politique moderne et une société civile conscience face aux enjeux d’avenir, «seule capable d’insuffler à la base, disait-il, l’élan nécessaire à la métamorphose politique du pays». Homme de fidélité et d’ouverture, il mettra en jeu ses influences et son poids politiques pour aider, encourager toutes les initiatives et ambitions culturelles et artistiques tendant à l’évolution et au progrès du pays. Afin d’arrêter l’enchaînement des fléaux omniprésents, il était conscient de l’importance des réformes permanentes pour éviter la régression. C’est sans doute pour son idéal de progrès que cet homme de paix et de dialogue a payé le prix de sa vie. A Tlemcen l’université immortalise avec fierté, aujourd’hui, son nom et sa mémoire nationale.

http://www.tlemcen-ecolymet.asso.dz/resultat.htm




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Posté le : 06/05/2006 à 08:15 (Lu 15811 fois)
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ASSASSINE IL Y A 43 ANS

L’appel de la famille de Mohamed Khemisti



Il y a 43 ans, le 4 mai 1963, Mohamed Khemisti, le premier ministre des Affaires étrangères de l’Algérie indépendante, est décédé des suites de ses blessures. Il avait été abattu le jeudi 11 avril 1963. Il avait 33 ans.

Sa famille nous a contacté, hier, et nous a remis un appel. «La famille de feu Mohamed Khemisti lance un appel à tous ceux qui l’ont connu, côtoyé ou partagé son parcours d’avoir, en ce jour mémorable, une pensée pour cet homme modeste et exceptionnel et d’honorer la mémoire de cet Algérien qui a parcouru le monde, en tous sens, pour défendre la justesse de la cause algérienne», peut-on lire dans le document en question.

Celui-ci ajoute plus loin: «...Laissons, donc, aux historiens, épris de justice et de liberté, le soin de rétablir les faits de cet assassinat odieux et étrange et sachons donner à Mohamed Khemisti, et à chaque enfant de notre chère patrie, la part du mérite qui lui revient et à lui manifester la reconnaissance qui lui sied et les égards qui lui sont dus. Le futur de l’Algérie ne se fera, jamais, en l’absence d’un véritable travail de mémoire et ne peut, aucunement, aboutir sans une réelle conciliation des Algériens avec leur mémoire collective».

Mohamed Khemisti est né le 11 août 1930 à Maghnia. Il est issu d’une famille très modeste. Son père était ouvrier manutentionnaire. Après la Deuxième Guerre mondiale, il obtint son certificat d’études primaires (CEP). Brillant élève, il a dû, toutefois, abandonner ses études, en raison de la situation économique critique de sa famille. Il décida, néanmoins, de poursuivre ses études par correspondance. Il s’est présenté, ensuite, à un concours à Oran et se retrouva plus tard élève au lycée Ardaillon (aujourd’hui lycée Ben Badis à Oran)» et finit par obtenir le baccalauréat.

Il décida alors de partir en France pour poursuivre ses études supérieures et s’inscrit à l’université de médecine de Montpellier, dans le Sud. Et c’est tout naturellement qu’il adhéra au syndicat des étudiants. Ainsi, il activa au sein de l’UGEMA (Union générale des étudiants musulmans algériens).

Mohamed Khemisti rejoint les rangs du FLN dès le déclenchement de la guerre de libération nationale. Le 12 novembre 1957, il est arrêté par la police française. Après quelques jours de détention, il est transféré à la prison de Serkadji, puis vers une prison française. Il écrira d’ailleurs un livre sur la prison de Serkadji (Barberousse). Après quelques mois de détention, il est mis en liberté provisoire. Cela lui a permis de retrouver ses anciennes connaissances et d’activer au sein de la fédération de France du FLN et, également, de reprendre ses études de médecine.

Il partit, ensuite, en Suisse, d’où il fut appelé, après le cessez-le-feu, au cabinet de Belaïd Abdeslam, alors délégué aux affaires économiques de l’exécutif provisoire de l’Etat algérien, installé à Rocher-Noir (Boumerdès). Il sera ensuite appelé par le chef de l’exécutif, Abderrahmane Farès, pour occuper le poste de directeur de cabinet.

A l’âge de 32 ans, le 28 septembre 1962, il fut nommé ministre des Affaires étrangères. En novembre 1962, il accompagna le président Ben Bella à l’ONU, puis à Cuba. Accompagnant son épouse à l’Assemblée nationale où ils avaient participé à un débat, Mohamed Khemisti, à sa sortie du siège, a été victime d’un attentat. Après une quinzaine de jours, il rendit l’âme à l’hôpital Mustapha d’Alger. Sa dépouille a été inhumée à Maghnia.

M. Mazari





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Posté le : 09/06/2006 à 18:11 (Lu 15772 fois)
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André Mandouze est mort à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), lundi soir 5 juin 2006, à quelques jours de ses 90 ans.

André Mandouze avait eu le bon goût de publier ses Mémoires d'outre-siècle. Comme s'il avait voulu ne laisser à personne d'autre que lui le soin d'écrire le dernier mot de sa vie d'éternel résistant, d'universitaire enragé, de journaliste torrentueux, de catholique tempétueux, militant sur toutes les lignes de front : l'antifascisme, l'anticolonialisme, l'Algérie indépendante, la gauche socialiste de François Mitterrand, l'Eglise réformatrice de Vatican II.

A gauche toute, bon Dieu ! : le titre de ce deuxième tome de Mémoires (1962-1981), paru au Cerf en 2003, résume l'oeuvre et l'homme. Ce latiniste policé, "mandarin" de Sorbonne, fut aussi un provocateur impénitent, un tempérament de feu, un saint homme de fidélité et de passion, un prophète râleur et bougon. Grand amoureux de saint Augustin (354-430), il était, comme l'évêque d'Hippone (Anaba en Algérie), de la race des polémistes, et ses emportements lui valurent autant d'amis que d'ennemis.

Né à Bordeaux le 10 juin 1916, le jeune André Mandouze entre en résistance dès les années 1930 - contre le franquisme, contre l'Action française - grâce à un jésuite, Antoine Dieuzayde, son "vieux zèbre", comme il l'appelait, aumônier à la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC). A l'Ecole normale supérieure, dont il sortira agrégé de lettres en 1937, il s'impose comme le "prince des talas" (ceux qui vont-à-la messe) de gauche. Sous l'Occupation, professeur de lettres à Bourg-en-Bresse (Ain), il est arrêté pour avoir fomenté avec ses élèves une manifestation contre un cinéma qui projetait Le Juif Süss, film de propagande antisémite.

Il entre dans la clandestinité, noue des réseaux d'amitié judéo-chrétienne, se lie à des figures de la résistance spirituelle au nazisme comme le dominicain Jean-Augustin Maydieu, l'un des fondateurs de l'hebdomadaire chrétien Sept (interdit en 1937 par le Vatican), ou le jésuite Pierre Chaillet, avec qui il lance en 1942 les Cahiers du Témoignage chrétien, dont il sera le premier rédacteur en chef. Pour lui, résistance spirituelle et résistance armée ne font qu'un. "Le spirituel couche dans le lit du temporel", aimait-il dire.

Le Témoignage chrétien des temps de paix ne répond plus à ses rêves de France régénérée. Il claque la porte et s'envole, en janvier 1946, pour Alger, où il devient professeur à l'université. De l'Algérie, il ne sait qu'une chose : elle est la terre natale de saint Augustin, berbère par sa mère Monique, le "Docteur de la grâce" à qui il consacrera sa thèse en Sorbonne en... juin 68 ! Mais il épouse la cause nationaliste, lance en 1953 une revue appelée Conscience algérienne, vite qualifiée de séditieuse. André Mandouze est le premier universitaire à militer pour l'indépendance de l'Algérie. On l'appelle "Mandouze-fellouze". Il est proche du cardinal Duval, archevêque d'Alger, que l'OAS appelle "Mohamed ben Duval" et sert même d'intermédiaire entre Pierre Mendès France et le FLN.

En 1956, sous Guy Mollet, il doit fuir l'Algérie, est enfermé trois jours à la prison de la Santé. Mais, avec d'autres intellectuels catholiques comme François Mauriac, Louis Massignon, Henri Guillemin, Henri-Irénée Marrou (son maître en augustinisme), Pierre-Henri Simon, il continue de dire sa rage contre la torture, dans Le Monde, à France-Observateur, à Témoignage chrétien. Combat de sa vie. En 1981, il sera le patron d'une thèse sur "la torture et les consciences chrétiennes en Algérie", écrite par Alain de la Morandais.

"PIED-ROUGE"

On ne quitte pas facilement la terre algéroise. En 1963, à la demande d'Ahmed Ben Bella, André Mandouze entreprend de réorganiser l'université du jeune pays indépendant, mais sa carrière de "pied-rouge" - comme on qualifiait les progressistes -, tourne court avec l'arrivée au pouvoir du colonel Houari Boumediène. André Mandouze redevient professeur à l'université d'Alger, avant de rentrer à Paris pour régner, de longues années, comme latiniste sur la Sorbonne.

Il retournera en Algérie en avril 2001 pour présider, cette fois avec le président Bouteflika, un colloque sur saint Augustin, qui, pour lui, symbolise le lien entre africanité et universalité. Saint Augustin qu'il fait aussi découvrir en 2003 à... Gérard Depardieu ("mon dernier élève"), qui, enflammé par les Confessions, les lit à haute voix, sous la baguette du maître Mandouze, dans une cathédrale Notre-Dame archi-comble.

Toute sa vie, ce "catho" mal-pensant va rompre des lances avec son Eglise dont il a dénoncé très tôt les compromissions avec les fascismes et sous Vichy. Il se fait des ennemis sur sa gauche (Maurice Clavel) et sur sa droite (le cardinal Daniélou, le Père Bruckberger, Mgr Lefebvre), devient la bête noire des intégristes, ne craint pas d'affronter en 1982 le cardinal Lustiger, nouvel archevêque de Paris (dans la revue La Lettre) qu'il avait connu à la Sorbonne comme aumônier. Fils spirituel de Péguy et de Mounier, André Mandouze restera dans la mouvance, en particulier près des Pères dominicains, d'un christianisme intellectuellement et socialement engagé d'abord contre l'extrême droite et contre le communisme.

Homme de réseau, il demeurera fidèle aussi aux héritiers de l'hebdomadaire Sept - qui renaîtra dans Temps présent -, de Témoignage chrétien, et il accompagnera avec chaleur et exigence l'aventure du Monde. Dès 1956, il est l'hôte régulier des déjeuners du "Petit Riche" autour d'Hubert Beuve-Méry, de Pierre-Henri Simon, de Jean Lacroix, d'André Frossard, du Père Pierre Boisselot.

Mais c'est dans sa lecture quotidienne des Evangiles que ce chrétien, marié et père de sept enfants, aura toute sa vie puisé ses leçons de liberté et de refus de toute concession. L'insoumission était pour lui un acte de foi. Parmi ses principaux ouvrages : Intelligence et sainteté dans l'ancienne tradition chrétienne (Cerf, 1962) ; Histoire des saints et de la sainteté chrétienne (Hachette, 1986-1988) et le premier tome de ses Mémoires : D'une Résistance à l'autre (Viviane Hamy, 1998).

Henri Tincq
Article paru dans l'édition du 10.06.06


Re: Chers(e) disparus (es) [1981]

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Décès de Pierre Vidal-Naquet

L'historien Pierre Vidal-Naquet, intellectuel engagé, notamment contre la torture pendant la guerre d'Algérie, est décédé dans la nuit de vendredi à samedi à l'âge de 76 ans.


Né le 23 juillet 1930 à Paris, Pierre Vidal-Naquet se définissait lui-même comme un « historien militant ». Il est décédé dans la nuit de vendredi à samedi à l'âge de 76 ans, à l'hôpital de Nice. Il était dans le coma depuis lundi à la suite d'une hémorragie cérébrale.

Fils d'un avocat entré très tôt dans la Résistance pour ne pas devenir « un juif errant », Pierre Vidal-Naquet était docteur ès-lettres et agrégé d'histoire. Il a consacré ses recherches à la Grèce antique, l'histoire juive et l'histoire contemporaine. Directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) depuis 1969, il a commencé sa carrière d'enseignant au lycée d'Orléans (1955) avant d'être nommé assistant à la faculté des lettres de Caen (1956-60) puis de Lille (1961-62). Attaché de recherches au CNRS (1962-64), maître de conférences à la faculté des lettres de Lyon (1964-66), il est nommé ensuite sous-directeur, puis directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études, devenue depuis l'EHESS.

Un intellectuel engagé

Marqué à l'adolescence par l'arrestation en mai 1944, par la Gestapo, de ses parents, disparus dans le camp d'extermination nazi d'Auschwitz, il consacrera sa vie à leur rendre hommage en s'engageant dans la lutte contre la raison d'Etat et la tyrannie, intervenant dans la plupart des grands débats des dernières décennies. Dénonciateur de la torture durant la guerre d'Algérie, adversaire du pouvoir des colonels en Grèce, il multipliera pétitions, lettres à la presse, création de comités de soutien, intervenant sans relâche dans les principaux dossiers judiciaires et politiques.

Il sera aussi l'un des premiers à démonter les thèses des négationnistes, notamment dans ses ouvrages «Assassins de la mémoire» et «Réflexions sur le génocide». Il laisse une ½uvre abondante, dont «Mythe et tragédie en Grèce ancienne» (en collaboration, 1972 et 1986), «L'Affaire Audin» (1958) et «Les Juifs, la mémoire et le présent» (1991).

Marié et père de trois enfants, Pierre Vidal-Naquet était officier de la Légion d'honneur et, en Grèce, commandeur de l'Ordre du Phénix.

Les obsèques de l'historien seront célébrées mercredi à 17 heures, au cimetière La Gardi, à Fayence (Var).


Re: Chers(e) disparus (es) [1982]

sonia

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Posté le : 30/07/2006 à 23:10 (Lu 15687 fois)
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que des êtres de grandes valeurs!! que dieu leur accorde la miséricorde!!!!

Re: Chers(e) disparus (es) [1986]

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Posté le : 31/07/2006 à 08:53 (Lu 15682 fois)
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L'Humanité est notre patrie...Merci pour eux, que ta prière soit entendue.


Re: Chers(e) disparus (es)

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Posté le : 07/04/2008 à 10:14 (Lu 15557 fois)
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Tlemcen Le rescapé de la tuerie de 1957 nous a quittés
par Sid'ahmed Cheloufi

En enterrant le vieux Omar Bouayad Debagh (âgé de 81 ans) en cette fin du mois de mars, on ne peut rester indifférent à ce cordonnier (sababti) du Medress qui a échappé de justesse aux rafales de mitraillette des tirailleurs sénégalais qui ont fait une «partie de baroud» cet après-midi de la journée du 4/6/1957 que personne n'a le droit d'oublier.

Si Omar est l'un des derniers témoins car il a porté les séquelles de sa blessure à la jambe gauche et depuis on le voyait se traîner péniblement avec ses deux béquilles jusqu'à sa mort en mars 2008. Rappelons les faits: après la grenade lancée contre le poste militaire des troupes sénégalaises implanté à Dar El-Hadit (fermée par les autorités coloniales en 1955 pour «activités subversives !») les tirailleurs sénégalais ont fait une descente dans la vieille médina et ont abattu à bout portant les commerçants, les consommateurs sirotant leur café sur les nombreuses terrasses de café et ont profané la grande mosquée en tuant à bout portant l'imam Benosman. Si j'évoque la mort de cet artisan cordonnier, qui a souffert en silence depuis sa grave blessure de 1957 à 2008, c'est pour que nul n'oublie ces anonymes, victimes de l'oppression coloniale et ils sont nombreux à ne jamais avoir demandé de réparations ni morales ni matérielles. Si Omar «l'handicapé de 1957», que tout le monde connaissait comme cordonnier dans sa petite échoppe d'El-Medress, a rejoint son épouse décédée avant lui, M'qadma Hadja Aouicha Bouayed, cantatrice de la zaouïa Cheikh Benyellès du quartier Ars Didou. Que Dieu les accueille dans Son Vaste Paradis.



Re: Chers(e) disparus (es) [3331]

ILONKA

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Posté le : 08/04/2008 à 10:43 (Lu 15549 fois)
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Amine

Re: Chers(e) disparus (es) [3404]

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Posté le : 20/04/2008 à 12:03 (Lu 15530 fois)
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Germaine Tillion, ethnologue et résistante, est décédée


Elle aurait eu cent un ans le 30 mai. Toute sa vie, Germaine Tillion a affronté guerres et injustices de front. Elle s'est éteinte hier chez elle, à Saint-Mandé, près de Paris.
Germaine Tillion est décédée samedi à son domicile, à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Née le 30 mai 1907 à Allègre (Haute-Loire), Germaine Tillion est une Auvergnate. Elle part pour les Aurès, en Algérie, en 1934 et y restera six ans. Le temps d'étudier la population Chaouïa. En 1940, revenue à Paris, elle s'engage dans la Résistance au Musée de l'Homme. C'est le premier réseau de résistance en zone occupée. Dénoncée par un agent double, elle est emprisonnée à Fresnes et condamnée à mort puis, en 1943, déportée à Ravensbück. Sa mère y mourra. Elle y fréquente Geneviève de Gaulle-Anthonioz, qui deviendra présidente de ATD Quart Monde.

De retour en France, Germaine réintègre le Musée de l'Homme puis repart pour l'Algérie. Elle y trouve une société déstructurée par la guerre et la colonisation, dénonce la « clochardisation » qui s'ensuit et s'engage dans le Mouvement des centres sociaux, que l'OAS prend bientôt pour cible. En 1957, en pleine bataille d'Alger, elle parvient à obtenir pour un temps l'arrêt des attentats. Elle rentre en France en 1962.

Germaine Tillion n'aura cessé de dénoncer ou de témoigner, publiant des articles ou des livres (L'Algérie en 1957, L'Afrique bascule vers l'avenir, La Traversée du mal, etc.). Avec Ravensbrück, en 1946, elle est l'une des premières à témoigner sur les camps nazis et son ouvrage est plutôt mal accueilli parce qu'à l'époque le mieux, dit-on, est d'oublier. Son étude sur la civilisation méditerranéenne Le Harem et les cousins, en 1966, agace également. Germaine Tillion dérange. Il lui arrive d'en rire. N'a-t-elle pas composé une opérette, « Le Verfügbar aux Enfers », à Ravensbrück ! L'oeuvre a été donnée à Paris, l'an dernier. Jean Lacouture lui consacrera une biographie, Le Témoignage est un combat. Un beau titre, qui résume la personnalité de cette femme étonnante.


Gérard PERNON.

http://www.ouest-france.fr/of-photos/2008/04/20/16ACTTtillion_20080419_px_470__w_ouestfrance_.jpg



Re: Chers(e) disparus (es) [3405]

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Posté le : 20/04/2008 à 12:03 (Lu 15530 fois)
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Edité le 20/04/2008 à 12:07 par Arslane

Re: Chers(e) disparus (es) [3490]

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Tlemcen: Hidouzi Boumediène dit «Bombi» n'est plus
par Saïd B.

Le milieu sportif tlemcenien a été profondément affligé vendredi dernier par le décès de l'ex-joueur de l'Espérance de Tlemcen, le regretté Hidouzi Boumediène, plus connu à Tlemcen sous le pseudo de «Bombi», apprécié à Tlemcen par ses grandes qualités humaines, sa gentillesse et son sens de l'humour. Lors des rencontres de football livrées par l'Espérance de Tlemcen à ses adversaires, Bombi était le chouchou des supporters. Il émerveillait le public par ses beaux gestes techniques et faisait partie d'une génération de joueurs valeureux. Quant aux vieux supporters, tels le défunt Belkheir Sipaoui, Ammi Ahmed, le marchand de vaisselle, Omar le peintre. Tout ce beau monde faisait vibrer les fans du Widad lorsque l'Espérance évoluait en lever de rideau. Cette équipe était présidée par Hadj Mansour avec comme secrétaire général Nasro Soulimane, actuel président des jeunes du WAT, et qui a complètement disparu de la scène footballistique, tout comme l'équipe de la JSM Tlemcen, appelée l'équipe de «Belghadjia». A noter qu'une foule nombreuse a accompagné Bombi à sa dernière demeure dans un climat plein d'émotion. Cette disparition laissera un grand vide parmi les sportifs à Tlemcen.




Re: Chers(e) disparus (es) [3491]

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Re: Chers(e) disparus (es) [3512]

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Tlemcen : Feu Mohamed Tefiani
par Sid'ahmed Cheloufi

Le premier géologue de l'Algérie reçoit à titre posthume les Palmes académiques françaises.

L'université Aboubekr Belkaïd de Tlemcen, la Faculté des sciences de la terre, le Laboratoire de recherche (promotion des ressources hydriques, pédagogiques et minières en collaboration avec l'Association des enseignants El-Habbakia), le Service géologique de l'Algérie (SGA), l'Agence nationale de la géologie et du contrôle minier (ANGCM) et le Laboratoire de géodynamique (USTHB Alger) ont rendu un hommage scientifique à celui que des géologues nationaux dans leur quasi-totalité ont eu à côtoyer dans leur vie estudiantine, professionnelle et/ou associative. C'était le 2 juin dernier, que ce chercheur infatigable a reçu, à titre posthume, les Palmes académiques françaises remises à sa famille par le Pr R. Laugier (Professeur Lauréat de l'académie de médecine, France, et commandeur dans l'Ordre des palmes académiques). M. Raymond Laugier loua les qualités de chercheur chevronné de feu Tefiani Mohamed en ces termes : «Nos chemins se croisent en 1966 alors que l'université d'Oran est en création sous l'autorité du recteur Lazreg que je salue tout particulièrement. M. Tefiani envisage alors de nous rejoindre, mais ce projet ne se concrétise pas et c'est à Alger qu'il déploie son activité. Chargé des tâches pédagogiques et administratives, il trouve son temps pour se consacrer à un programme de recherches qui fera de lui le meilleur géologue et structuraliste du système alpin, dont l'Atlas est le plus récent chaînon. Il est reçu par plusieurs sociétés savantes. Le gouvernement algérien le distingue et le charge de responsabilités toujours plus importantes... Et le 15.02.2008, le Premier ministre, sur proposition du ministre de l'Education, de la recherche et de la technologie, nommait Tefiani à titre posthume au grade de Chevalier dans l'Ordre national des palmes académiques françaises.

Dans la bibliographie analytique de M. Tefiani (Que Dieu ait son âme) intitulée 40 ans de publications géologiques, réalisée par Lahcène Bitam et Hafida Khodja (Service géologique de l'Algérie), ses collègues reconnaissent sa valeur et sa ténacité «du fait de l'impossibilité de travailler sur le terrain en Algérie avant l'indépendance, ce n'est finalement qu'après 1962, avec sa nomination à la Faculté des sciences d'Alger, que Mohamed Tefiani découvre la géologie de son pays à la faveur de son DEA en 1967. C'est de cette époque que date sa première publication qu'il confie au Service de la carte géologique de l'Algérie qui l'accueille dans son bulletin n°35. Depuis, il n'a cessé d'écrire. Au total, quarante-trois (43) fois ! Et de manière continue. Sauf pour la période 1975-1980, durant laquelle ses obligations de directeur de l'Institut des sciences de la terre nouvellement créé, l'en ont empêché».

Cet homme infatigable, que la maladie a terrassé le 30.10.2007 à 70 ans, a laissé plusieurs communications dans les conférences, colloques et événements géoscientifiques dont, en 1975 : «Quelques traits tectoniques de l'ouest de la grande Kabylie (Algérie à Montpellier P.358) - Tefiani Mohamed, l'enfant prodige d'Ouled Mimoun, a été nommé vice-président de la Société géologique de France en 1992 et a obtenu une médaille du président de la République algérienne en 2003. Laissons le soin à M. Bensalah de l'université de Tlemcen, qui a oeuvré inlassablement pour la réussite de cette journée d'études hommage à Tefiani : «celle-ci est voulue et structurée pour montrer les multiples activités dans lesquelles était impliqué notre premier géologue national. On a tenté d'être représentatif des différents organismes, laboratoires et personnes avec lesquels Tefiani a eu à travailler. C'est ainsi que les 15 communications retenues en sessions plénières sont affiliées à l'ANGCM-SGA, la Sonatrach, le CRAAG, le CWRPAH, l'ORGM et FERPHOS group. Parmi les universités algériennes présentes, on a enregistré Tlemcen, Alger, Annaba, Oran et Béchar. Des communications ont été faites par les universités françaises de Toulouse, Montpellier, Grenoble ainsi que par le Museum d'histoire naturelle Paris et l'Institut de physique du Globe de Strasbourg.

Cet hommage international, rendu par des spécialistes en géologie de renommée mondiale, poussera nos jeunes étudiants de la Faculté des sciences (département des sciences de la terre) à suivre l'exemple de feu Tefiani Mohamed qui, grâce à son courage et son cran, a pu étudier à la Sorbonne depuis 1959 et a pu lancer des recherches dans son pays qui sont disponibles dans nos universités.



Re: Chers(e) disparus (es) [3537]

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Tlemcen : Taleb Bendiab Djelloul, un des derniers artisans tailleurs, n'est plus
par Sid'ahmed Cheloufi

La corporation des tailleurs, plutôt des maîtres tailleurs, a perdu jeudi dernier l'un des derniers sanaâ (maître) de cette profession très respectée où le nouveau marié était obligé de commander son smoking noir à l'avenue chez son tailleur préféré. Hadj Djelloul a fait partie de l'équipe de tailleurs qui confectionnaient les plus beaux costumes vendus en Oranie et même au Maroc dans l'atelier de la rue Idriss dont le mâalem (patron) était Bouayed Sid'Ahmed dit Sti.

Avant sa mort, j'ai évoqué avec Si Djelloul (1922 - 25/6/2008), décédé à l'âge de 86 ans, les belles années où le maître tailleur était considéré comme un artiste dans la cité des Zianides, l'équipe Bouayed Ahmed avec le défunt Taleb Bendiab Djelloul, Ghouti Sari, Ahmed, le chef d'atelier «Jojo», l'ambiance qui y régnait dans cette cave de la rue Idriss aménagée en atelier de couture. Cette profession de tailleur, comme celle de tous les artisans, a perdu son lustre au profit des importations de costumes prêts-à-porter qui ont «tué» ce noble métier où nos anciens tailleurs concurrençaient ceux de Marseille et même de Paris. Je citerai quelques exemples ou «modèles» par respect pour cette profession qui a besoin de beaucoup de doigté et de sanâa (métier): maître Hadj Abdelkrim Tabet Aoul d'El Medress, spécialiste de la makfoula et pantalon bouffon (sarwel arbi) datant de l'époque turque avec ses histoires et ses blagues légendaires, maître Ouali Ghouti (rue de l'Indépendance), connu à travers toute l'Algérie et à l'étranger, maître Diabi, maître Boukli Hacène, maître Chaoui Djamel, maître Bouhamed, maître Dali Yoycef, Ghaffour de Ghazaouet (qui m'a «coupé» mes premiers costumes d'instituteur) et d'autres artistes que j'ai peut-être oubliés.

La génération des artisans tailleurs, cordonniers, balaghdjias, tisserands, dinandiers, brodeurs, bijoutiers, fabricants d'instruments de musique (oud, kouitra, rbeb), maroquinerie, sellerie, sculpture du bois, travail de la corne, ferronnerie, mdels (chapeaux à larges bords), calligraphes, marbriers... qui s'en va, laissant un grand vide qu'il est difficile de combler. Le cimetière de Sidi Senoussi accueille chaque jour «un livre de bibliothèque» qu'on enterre. Essayons de récolter auprès des «artistes vivants» les fruits de ce qu'ils ont semé au moins pour la mémoire.





Re: Chers(e) disparus (es) [3538]

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Posté le : 05/07/2008 à 11:11 (Lu 15468 fois)
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Hommage aux artisans ...de Tlemcen

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Re: Chers(e) disparus (es) [3630]

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Posté le : 28/04/2009 à 18:42 (Lu 15054 fois)
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L'un des derniers démineurs de la ligne Moris n'est plus
par Belbachir Djelloul

Le moudjahid Belbachir Sid Ahmed n'est plus. Il vient juste de rendre l'âme à l'âge de 71 ans. C'est l'un des derniers démineurs, sinon le dernier, nous dit-on auprès de sa famille. C'est en 1958 qu'il apprendra à se mouvoir dans un champ miné et à «sentir» une mine à 50 m à la ronde. Il y allait en rampant, la baïonnette tenue par ses dents. Dès qu'il l'avait soulevée, un sourire se dessinait sur son visage. Un sourire qui ne le quittera jamais, même au plus profond de la douleur de ces derniers temps qu'il passa au CHU d'Oran pour une pathologie bénigne mais qui aura raison de lui. Il ne sera démobilisé qu'en 1963, après avoir ouvert plusieurs passages dans la ligne Moris.

Sa vie civile le verra facteur à Casablanca, puis à Oran, où il terminera en tant qu'inspecteur des PTT jusqu'à sa retraite. Tous garderont de lui l'image d'un homme pieux et fort de caractère, fréquentant la zaouïa Darqaouiya. Il a été inhumé ce lundi dans le cimetière de Cheikh Senouci, accompagné d'une foule immense venue voir une dernière fois le dernier démineur de la ligne Moris.


Re: Chers(e) disparus (es) [3646]

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Posté le : 09/07/2009 à 11:33 (Lu 14971 fois)
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Tlemcen: Mansouriah Ghezlaoui ne repose pas à Sidi Senouci
par Allal Bekkaï

Contre toute attente et alors que le cimetière de Sidi Senouci de Aïn Ouazouta, non loin de Sidi Daoudi, se tenait fin prêt pour accueillir la dépouille de la mère du président de la République Abdelaziz Bouteflika, la défunte Mansouriah Ghezlaoui (Bendi Abdellah), décédée à l'âge de 90 ans dans la nuit même de la célébration du 47e anniversaire de l'indépendance, voilà qu'était annoncé par voie de presse (dépêche de l'APS) son enterrement (lundi 6 juillet) au cimetière Zidek de Ben Aknoun sur les hauteurs d'Alger. Et pour cause. Dès l'annonce de la nouvelle nécrologique, le site funéraire, qui était quelques jours auparavant inaccessible aux visiteurs à cause des mauvaises herbes qui l'envahissaient avec tous les aléas inhérents (serpents, difficulté de localisation des tombes, feux de brousse, risque de chute...), fut littéralement investi par une armée d'agents communaux qui lui «dédièrent» un lifting en règle pour la circonstance.

Mais c'était sans compter sur les voies impénétrables du protocole. En tout cas, Mansouriah ne reposera pas dans le carré des Bendi, ni celui des Benseghir, Kerzabi ou Terfous... Dans ce cadre et généalogie oblige, un deuil «officieux» sera marqué à travers un programme «adapté» pour la circonstance de la radio locale et l'annulation intempestive du festival «Les nuits andalouses» (APC) ainsi que le déplacement d'une délégation officielle conduite par le wali pour assister aux obsèques à Alger.

Mansouriah Ghezlaoui (dont le prénom signifie victorieuse et le nom tirerait son origine des Béni Ghezli «fileurs de laine de mouton» dans la région de Tlemcen) naquit au début des années 1900 dans la périphérie (hawz) de Tlemcen, et plus exactement à Sidi Daoudi «Ben N'çar fakkak men hçal», le premier saint patron de la ville, avant Sidi Boumediène (originaire de M'sila, la cité de Boudiaf) qui fut l'illustre exégète de Sahih El Boukhari. A noter au passage que l'environnement du sanctuaire éponyme se trouve dans un état lamentable au moment où la capitale des Zianides va être la destination d'un grand pèlerinage en 2011... Mansouriah était l'aînée de la famille. Elle aidait sa mère Yamina dans le ménage et dans l'éducation de son frère Boumediène et ses deux soeurs Aouicha et Mama. Son père était à ce moment-là un travailleur agricole (fellah). Elle se maria avec Ahmed Bouteflika, un commerçant de Nedroma, qui dut quitter Tlemcen suite à la répression coloniale pour trouver refuge au Maroc où il décéda en 1958. Elle eut 5 garçons avec lui, Abdelaziz, l'aîné (2 mars 1937 à Oujda), Abdelghani (1940), Mustapha (1953), Abderrahim (1956) et Saïd (1958), le cadet, outre une fille, Latifa (1955), tous nés à Oujda où la maison des Bouteflika se trouverait à l'angle de la rue de Nedroma au n°6, non loin de la mosquée dite des N'darma (les Nedromis). Mansouriah Ghezlaoui appartient en fait à la famille Bendi Abdellah dit Bendi Allel, un ex-général de l'armée de l'émir Abdelkader déporté lui aussi à Amboise... A Tlemcen, la défunte avait un «pied à terre» au sein d'une villa dans le quartier résidentiel de Bab Wahran, à quelques encablures du siège de la wilaya. Lors de ses séjours dans sa ville natale, elle ne manquait pas de descendre à Sidi Daoudi mue par la nostalgie et en quête de la baraka du saint. Elle ne revenait jamais à Alger sans s'approvisionner en «kaâk» (gimblette) qu'elle adorait.

Mansouriah chérissait Abdelaziz qui lui rendait la pareille en venant se «ressourcer» auprès d'elle. «Allah hali klamek, oua ali alamek oua yahlek dalamek» était la formule de bénédiction consacrée que la défunte prononçait à son adresse à chaque fois que son fils (président) lui rendait visite avant une mission donnée. Il faut souligner que cette prière était en usage dans le milieu tlemcénien, en l'occurrence chez les femmes qui étaient très pieuses.



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