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Mare Nostrum: chère Mediterranée. [2558]

Arslane

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Posté le : 03/11/2006 à 09:15 (Lu 1539 fois)
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Commentaire :  Notre Maison commune ,Mohamed Bedjaoui Ministre d état.


Notre Maison commune
Mohamed Bedjaoui Ministre d’état,
Ministre des affaires étrangères

Il fut un temps où la Méditerranée se partageait généreusement entre les hommes qu’un auteur antique comparait à des fourmis industrieuses. Le Bassin paraissait petit et fertile. La «Mer du milieu des terres» était un lieu tranquille de partage.

Heureux temps où la calebasse s’accordait avec le pot, où les hommes s’offraient des plages de dialogue et de convivialité, et où, enfin, les mauvaises paroles devenaient comme par enchantement inaudibles, chassées au loin par une sagesse partagée. C’était le temps des mythes anciens et d’une géographique réelle où l’Italie et la Grèce étaient des pays du Sud sans conteste.

Et puis l’Histoire, qui sait si bien se revêtir d’un uniforme pour armer les hommes et forger les idéologies, s’est mise à brouiller les cartes. Lorsqu’aux XVIIIe et XIXe siècles en effet les voiles de l’Europe se gonflèrent au vent des conquêtes coloniales, les quatre points cardinaux de la planète se mirent à danser.

Bouleversée, la carte géographique tentait en vain de ne pas «perdre le nord». Le Maghreb en cours d’occupation était devenu victime de l’attrait européen de la mode du temps pour «l’orientalisme». L’Orient se retrouvait ainsi à l’ouest, et les pays de l’ancien Sud prenaient le cap septentrional. Le monde se redéployait en se donnant nouvelle figure, une configuration spectaculaire orchestrée par la double hégémonie du politique et de l’imaginaire européens.

Au centre de la scène, seul un point restait fixe: l’Europe qui se construisait avec des armes et des discours, eux-mêmes annoncés comme une arme redoutable. Le pouvoir centralisé en Europe se fabriquait une périphérie idéalement «barbare» pour rêver et asseoir ses empires. A coups de fantasmes et d’épée, l’ethnocentrisme consacrait le clivage entre les deux rives de la Méditerranée, confirmant la révolution géographique: l’Italie et la Grèce voguaient désormais vers le Nord européen, tandis que le Maghreb, territoire occidental, devenait oriental le temps d’une entreprise coloniale.

Je veux croire que ce temps déboussolé est à jamais révolu.

Je peux y croire, parce que, ici, sous ce beau ciel d’Italie, les astres nous sont propices, assurant la stabilité des points cardinaux tout autant que notre volonté de réhabiliter la Méditerranée. Il s’agit bien, encore aujourd’hui, d’apprêter notre mer commune, de la rendre prête à recevoir les formes économiques qui l’attendent pour exprimer des solidarités nouvelles. Il s’agit encore pour nous, de découvrir ce qu’il y a de concret et de vivant en cette mer. Il s’agit enfin, et en toute occasion, de favoriser les aspects divers de sa culture et de sa physionomie.

Aussi bien, nous voici aujourd’hui dans le Sud - que dis-je ! dans le sud de l’Italie. Et dans le sud de ce pays européen, lui-même du Sud, nous voici de nouveau réunis pour affirmer notre volonté commune d’ouvrir vers le Nord la perspective la plus large.

Ce n’est pas elle, notre mer Méditerranée, qui verra quelque mal dans ces regards francs et ces dialogues libérés que nous échangeons désormais, sans mépris et sans violence. Notre mer commune ne peut trouver qu’avantages et motifs de satisfaction dans notre vision commune d’un avenir partagé. Cet avenir et ces espérances, nul mieux que le personnage de Léon l’Africain ne saurait les incarner. Eclairée par tant de malheurs, la vie réserva à Hassan el Wazzan le plus inattendu des parcours terrestres. L’homme était fier d’être le fils de la route, fier d’avoir pour patrie une caravane. Au moment de le faire mourir, l’auteur, Amin Maalouf, choisit avec bonheur de placer «Hassan» - «Jean-Léon» - «l’Africain», sur une barque qui navigue sur cette Méditerranée qui fut témoin de tous ses errements durant quarante ans. Arrivé au terme de son périple, l’homme, qui avait eu l’avantage d’être circoncis de la main d’un barbier et baptisé de la main d’un pape, lègue ces paroles sublimes à son fils:

«A Rome, tu étais «le fils de l’Africain»; en Afrique, tu seras le fils du «Roumi». Où que tu sois, certains voudront fouiller ta peau et tes prières. Garde-toi de flatter leurs instincts, mon fils, garde-toi de ployer sous la multitude ! Musulman, juif ou chrétien, ils devront te prendre comme tu es, ou te perdre. Lorsque l’esprit des hommes te paraîtra étroit, dis-toi que la terre de Dieu est vaste, et vastes Ses mains et Son coeur. N’hésite pas à t’éloigner, au-delà de toutes les mers, de toutes les frontières, de toutes les patries, de toutes les croyances».

Cette terre de tolérance et de liberté, que décrit Léon l’Africain à son fils, nous la revendiquons, tel un héritage inaliénable. Elle est cette Méditerranée qui fut un «abrégé du monde». Elle demeure aujourd’hui notre pouvoir protecteur, suffisamment fort pour nous faire assumer avec fierté nos contrastes et nos identités dont la belle mosaïque ne saurait être meurtrière, si morcelée soit-elle.

Je pense au contraire, que nous pouvons compter sur notre identité en fragments pour assurer la belle oeuvre euro-méditerranéenne, humaine s’il en est ! Détonante mais pas étonnante si l’on croit au juste retour des choses, au cycle des saisons qui toujours ramène le printemps après la rigueur des hivers.

N’est-ce pas, ici même, après bien des décennies d’un Moyen-Age qualifié d’obscur, que les mille fleurs de la Renaissance ont annoncé le retour d’une Humanité plus humaine, riche de sa diversité, forte de sa différence ? Ici même, en Italie, un grand peintre «occidental» n’a pas oublié que la philosophie arabe, venue du lointain «Orient», devait être présente au moment de la grande représentation esthétique d’un savoir universel.

Invité par le pape Léon X à orner les murs du Vatican, Raphaël a planté le décor d’une toile inédite au XVe siècle. En plein coeur du Vatican, dans la «Chambre du Milieu», au centre d’un triptyque, le grand peintre italien a peint son «Tableau d’excellence». Fresque où se pressent les savants de toutes les époques, de tous les coins du monde. On peut y voir, partageant un espace de débat existentiel, un Ibn Rochd, «Averroès», aux côtés des Platon, Socrate et autres Diogène.

Au coeur d’un monde à renaître, les repères temporels et géographiques se brouillaient à nouveau, mais pour la meilleure

des causes, cette fois-ci: un nouvel Homme à naître, amélioré par un souci de la connaissance qu’aucun horizon ne saurait borner. Et ce souci était autant celui d’un artiste inspiré que celui d’un homme politique, inspirateur, le pape Léon X.

L’idée était éminemment positive. Elle mérite d’être poursuivie. Et c’est bien ce à quoi nous nous activons, tous réunis aujourd’hui à Naples. Nous sommes tous persuadés que le Bassin méditerranéen est un bassin international traversé par tous les courants.

Cette réalité vivante qu’est la Méditerranée n’est pas chose nouvelle pour nous. Elle vit en nous en se nourrissant de brassages et de métissages fertiles, et en affirmant son appartenance à une Humanité plus qu’humaine, car multiforme et pluriculturelle. C’est bien cette idée que Umberto Eco défend dans «Le Nom de la Rose», au moment de sauver les livres de Ibn Hazm parmi tous les autres volumes d’une bibliothèque livrée aux flammes dévorantes d’un moine obtus et fanatique.

Certes, tout le passif n’est pas soldé entre les deux rives qui longtemps nous ont séparés au lieu de nous unir. Noter mer est une bonne mère, mais ne lui demandons pas d’être la petite fée qui efface d’un coup de baguette magique les tensions, les malentendus, toutes ces séquelles que l’Histoire des hommes charrie et ravive de temps à autre.

Notre Bassin n’est pas tranquille. Ses eaux bouillonnent sous l’effet de courants antagonistes. Au Nord, certains voient dans le Sud une menace et un risque. Perclus de maux sociaux et de fléaux naturels, les «barbares» fuient leur enfer méridional et tentent par tous les moyens d’envahir un «paradis» septentrional qui se barricade avec du béton et des lois, le premier durci et les secondes fourbies au Nord. «Mère, le mur est haut !», gémissait le héros du dramaturge algérien Kateb Yacine enfermé au pénitencier de Lambèse pendant la colonisation.

Aujourd’hui, on n’entend pas gémir les émigrés. Ils meurent silencieusement, clandestinement, au moment de franchir les «barbelés» de toutes natures et comme en s’excusant d’avoir dérangé la douce quiétude du Nord. Combien de corps engloutis dans le silence des profondeurs de notre mer commune ? Combien de charters silencieux pour renvoyer les damnés à leur damnation éternelle ? Et la Méditerranée continue ainsi de nourrir notre rêve d’appropriation collective d’une «Mare» vraiment «nostrum», pendant que les murs se font de plus en plus hauts entre son Nord et son Sud.

Mère, pauvre mère ! te voilà mise à mal par tes propres enfants subissant l’injustice historique, les uns gavés de biens, les autres ne trouvant que ton sein famélique pour tenter de survivre. Pôle d’attraction, le Nord a fait éclater ton Bassin, mater dolorosa, et te voilà mutilée, désarticulée entre deux mondes que tout semble opposer, chacun enfermé dans ses certitudes étanches.

Les vieux démons de l’ethnocentrisme hantent encore nos rivages. Tel le père de Hamlet privé de sépulture définitive, ils reviennent à la mauvaise heure, dans le mitan de la nuit des anciennes Croisades, pour rappeler à qui veut les entendre, que l’Islam reste l’ennemi de toujours. Tels des anges exterminateurs, les clichés et les stéréotypes s’en viennent renforcer l’attaque et achever les victimes en les réduisant à rien, des ombres folkloriques sur des cartes postales jaunissantes, des ombres aphasiques parce qu’on ne veut pas les entendre.

Avertis de cette présence maléfique, nous voici sur nos gardes.

Trop longtemps privé d’existence historique, notre Sud gardait encore ses qualités d’enfance et d’innocence. Privé de bien-être, notre Sud méditerranéen avait conservé son berceau de l’humanité, parce qu’il savait que sa mère, notre mer commune, était grosse d’avenir. Pleine d’espérance, elle attend encore l’heure de mettre au monde tout un peuple, d’un de ses enfants encore à naître: la Palestine. En quête d’un Etat et d’un territoire national, les enfants palestiniens souffrent dans le Bassin méditerranéen. Ils désespèrent. Et il faut écouter leurs lamentations au pied d’un mur derrière lequel ils gémissent en appelant leur mère. «Mère, le mur est haut !».

Donc encore un mur qui devra s’écrouler en un lieu de chute qui donne rendez-vous à l’Occident. C’est en ce lieu même que doit apparaître un tournant véritable qui permettra à noter mer de retrouver sa rondeur matricielle, celle-là même que le poète palestinien Ghassan Kanafani décrit dans son oeuvre pour assurer à son peuple une naissance symbolique, en attendant l’autre, la naissance réelle, à une date que l’Histoire consignera dans son registre d’état civil.

On le voit bien, les faiseurs d’imaginaire font de l’excellent travail en défaisant la mauvaise oeuvre d’un éthnocentrisme ravageur. Cette blessure et cette arme, c’est l’Occident seul qui les assume. Et si, comme le dit le Parsifal de Wagner, «seule peut guérir la blessure l’arme qui la fit», il appartient aux hommes politiques de se mettre à leur tour à l’ouvrage, en poursuivant l’effort de destruction des murs, qu’ils soient réels ou symboliques, et en érigeant à leur place ce grand territoire de libre circulation des intelligences créatrices.

La tâche est rude, mais aux hommes de bonne volonté, la difficulté sourit.

Depuis six ans, nous guerroyons pour enclencher le «Processus de Barcelone». Le succès, à dire vrai, n’est pas encore là, mais jamais nous ne rendrons les armes. Nous savons que la Méditerranée, puissamment adossée à l’Europe qui s’unit elle-même, peut devenir une chance pour une construction prospère de l’ensemble euro-méditerranéen, une entité forte, capable de contrebalancer les colosses qui la submergent aussi bien à l’est avec l’Inde et la Chine, qu’à l’ouest avec les Etats-Unis.

Les enjeux sont immenses, à la mesure de ce qui apparaît comme un défi qui se décline au pluriel. Plutôt que de parler d’un seul et simple avenir pour notre Méditerranée, parlons d’avenirs au pluriel, à l’image de ces multiples tâches auxquelles nous nous attelons, afin de réaliser une «coopération économique féconde», des «pôles de développement», un «plan bleu», et tant d’autres projets.

Nul besoin de leurrer qui que ce soit ! Nous savons bien que l’une des deux rives est pauvre dans ses ressources, désarticulée dans ses vecteurs, fragile dans ses terres, ses eaux et son environnement, indécise dans sa volonté de se reconstruire. Que de faiblesses et de handicaps ! Mais n’avons-pas dit, dès le début, que les Mânes tutélaires veillaient sur notre Maison ? N’avons-nous pas déjà apporté la preuve de notre volonté inébranlable de construire de concert notre Méditerranée comme un ensemble solidaire et complémentaire, grâce à sa mosaïque humaine et à ses contrastes géographiques et culturels ?

Est-ce un rêve que de croire en l’existence d’une monade bigarrée aux couleurs infinies de la Méditerranée ? Est-ce un rêve que cette Andalousie où des races, des cultures et des religions différentes se sont aménagé une terre commune, pacifiée par la raison ? Est-ce un rêve, cette «Confrérie des éveillés» que Jacques Attali reconstitue en organisant l’impossible rencontre de trois philosophes que tout aurait pu opposer ? Ibn Tofayl, Maïmonide et Averroès, réunis dans une même histoire de la pensée et des hommes ! Est-ce une fiction ?

Peut-être ! Peut-être, tout cela n’est-il qu’un beau rêve. Mais le réalisme n’a jamais tué les rêves.

Rêvons donc sous ce beau ciel de Naples ! Mais réalisons que, par-delà les fractures du quotidien méditerranéen, il nous faut construire et construire encore, tendre jusqu’à son extrême limite l’arc des engagements possibles entre les hommes et les peuples.

Ici même, à Naples, tendus vers la perspective européenne, revendiquons, aujourd’hui encore, le droit à la mémoire. Revendiquons l’antique berceau de la civilisation. Une civilisation méditerranéenne talentueuse, dotée de l’art combinatoire de conjuguer les différences dans la tolérance, ne serait-ce que pour gommer ce «choc des civilisations» devenu mode pernicieuse.

Plantons ensemble un nouveau décor, un lieu situé dans un centre à inventer, comme Raphaël l’avait fait au coeur du Vatican, dans la «Chambre du Milieu», la «Chambre» dite «des signatures». Comme le génial peintre, signons notre chef-d’oeuvre, en créant notre Centre méditerranéen au-dessus de l’évènementiel, de l’épisodique, de l’accidentel.

Devenons ainsi, chers amis européens, de véritables contemporains spirituels, des protagonistes d’un vrai dialogue de l’Esprit. C’est cet Esprit qui veillera sur le foyer de notre Maison commune. S’il a du souffle, aucun esprit malin ne saurait l’éteindre. Les Mânes de l’antique Méditerranée nous sont à jamais bienveillantes.

1- Intervention faite au cours de la cérémonie de remise du «Prix Méditerranée».

Avec l’aimable autorisation de l’auteur.




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Edité le 03/11/2006 à 09:16 par Arslane

Re: Mare Nostrum: chère Mediterranée.

Arslane

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Posté le : 21/05/2008 à 09:25 (Lu 1523 fois)
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Union pour la Méditerranée : de l'ambition aux réalisations
par Benita Ferrero-Waldner **

Berceau des trois religions monothéistes, creuset de civilisations et de cultures, de migrations et d'échanges, la Méditerranée a une histoire indissociable de celle de l'Europe. Le bassin méditerranéen est la charnière du Nord et du Sud, de l'Orient et de l'Occident. A la confluence de trois continents, il est plus qu'une simple frontière pour l'Union européenne. La stabilité de cette région est essentielle tant pour notre sécurité et prospérité que pour celle de nos voisins et amis méditerranéens. L'Union européenne a fait le choix de se rapprocher de la Méditerranée. Le processus de Barcelone, qui depuis son lancement en 1995 rapproche tous les Etats membres de l'Union européenne des 13 Etats partenaires du Sud dans une coopération multilatérale, marque notre effort pour la paix, la prospérité et le dialogue dans la région.

Le mérite revient à la France d'avoir proposé une nouvelle dimension à la coopération en Méditerranée. Sur cette base, le Conseil européen a invité la Commission à redéfinir les modalités du processus de Barcelone pour une Union pour la Méditerranée.

La Commission y a travaillé activement et sa proposition vient d'être présentée ce 20 mai.

Le processus de Barcelone nous a permis d'aborder de nombreuses questions régionales stratégiques. Beaucoup a été accompli, mais de nombreux défis communs demeurent notamment la sécurité, la protection de l'environnement, la pérennité des approvisionnements énergétiques, la lutte contre la criminalité organisée, la maîtrise des flux migratoires et le dialogue interculturel. Au-delà de cette coopération avec nos voisins méditerranéens, c'est la compréhension de l'autre et de ses intérêts, le respect mais aussi la confiance mutuelle qu'il faut renforcer et que je recherche dans mes fonctions de Commissaire européen aux relations extérieures.

Le processus de Barcelone a malheureusement souffert de la persistance des conflits au sud de la Méditerranée et parfois du manque de coopération entre les Etats partenaires. Mais une évolution positive est à l'oeuvre. Je l'ai constatée au cours de mes récents déplacements dans la région. Le moment est venu de tirer profit d'une volonté politique renouvelée pour insuffler un nouvel élan à notre coopération, et la rendre plus équilibrée et plus proche de nos concitoyens.

L'Union pour la Méditerranée est une ambition politique renouvelée qui s'appuiera sur des projets concrets. Elle n'est ni une alternative à l'élargissement, ni une perspective d'adhésion. Elle apportera en revanche un triple élan au processus de Barcelone. Tout d'abord par le renforcement de la dimension politique des relations entre l'Union européenne et ses partenaires méditerranéens.

L'Europe doit parler d'une seule voix et au plus haut niveau sur des questions aussi stratégiques.

Ensuite, par un rééquilibrage et un meilleur partage des responsabilités dans nos relations multilatérales. L'Europe doit en assurer la gestion avec ses partenaires méditerranéens. La coprésidence par un pays du Sud et un pays de l'Union sera le gage de l'équilibre de notre coopération et facilitera l'adhésion de l'ensemble des acteurs à ces objectifs. Il faut enfin, comme le disait Robert Schuman, des projets concrets «créant d'abord une solidarité de fait». C'est la qualité des projets menés ensemble qui garantira le succès de l'initiative. C'est elle qui permettra aux citoyens de ressentir la force des liens qui unissent les deux rives de la Méditerranée. En tant que Commissaire en charge de cette région, je souhaiterais ainsi promouvoir les autoroutes de la mer, l'interconnexion de l'autoroute du Maghreb arabe, la promotion de l'énergie solaire et la dépollution de la Méditerranée. Ce sont des projets qui auront un effet structurant pour la région, et qui permettront d'intégrer les acteurs non étatiques, la société civile et les entreprises. L'Europe doit être un levier, les capitaux privés un relais. La Commission européenne compte porter ces projets lors du sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée à Paris le 13 juillet prochain.




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**Commissaire européenne aux relations extérieures et à la politique européenne de voisinage.

* Berceau de l'Europe, «la mer au milieu des terres» est aujourd'hui son avenir. C'est donc avec espoir et détermination que la Commission européenne porte l'initiative d'Union pour la Méditerranée.




Re: Mare Nostrum: chère Mediterranée. [3529]

Arslane

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Posté le : 21/06/2008 à 10:02 (Lu 1514 fois)
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Union pour la Méditerranée :
sortir de l’abstraction
par Hichem Ben Yaïche

Moins de 100 jours avant le premier sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, le 13 juillet 2008 à Paris, sur «l’Union pour la Méditerranée», ce projet en gestation s’accélère. Après le sommet de Bruxelles des 13 et 14 mars derniers, où les responsables européens avaient trouvé un compromis pour l’appropriation commune de cette idée, c’est tout le projet qui, désormais, s’appellera: «Processus de Barcelone: Union pour la Méditerranée». En réintégrant la Commission européenne, il en deviendra l’un de ses piliers - la formule institutionnelle est encore à l’étude. On en est loin du schéma de départ !

Nicolas Sarkozy, déjà comme candidat, puis comme Président, voulait un nouvel axe fort pour la diplomatie française. Emporté par un volontarisme, dont seul il a le secret, cette grande ambition n’avait été ni travaillée, ni structurée en amont. L’improvisation et l’impréparation dans le lancement de cette idée avaient été exploitées par tous ses opposants et adversaires. La politique de la coquille vide a été extrêmement dommageable, à cet égard ! Mais, dès juillet 2007, la machine diplomatique française s’était mise en marche pour rattraper cette erreur d’appréciation et de méthode !

Reconnaissons, cependant, cette réalité: jamais la Méditerranée n’a autant fait parler d’elle et occupé, à ce point, les esprits. Incontestablement, l’électrochoc s’est produit, et l’onde de choc continue à produire son effet. Pour avoir arpenté et suivi dans les coulisses cette Union en émergence, continuer ce travail d’observation journalistique, pour rendre visible l’élaboration en cours des projets, est toujours utile et important.

Alain Le Roy, ambassadeur en charge du projet, s’est rapproché géographiquement du palais de l’Elysée, en s’installant avec son équipe à l’hôtel Marigny, lieu prestigieux s’il en est, habité par les mânes de la République et ses invités de marque. De ce quartier général, un temps déstabilisé par les réticences allemandes, il s’est remis au travail, avec la foi chevillée au corps. Notre rencontre pour un briefing a duré près d’une heure. La France, en totale coordination avec ses partenaires du Nord et du Sud, va poursuivre cette méthode jusqu’à la rencontre au sommet de juillet prochain.

A la fin du mois d’avril, la liste des projets qui vont être inclus dans l’agenda des chefs d’Etat ou de gouvernement sera publiée. En attendant, c’est une véritable course contre la montre afin d’assurer jusqu’au bout la phase actuelle de présélection des projets. La France n’est plus maîtresse dans cette nouvelle esquisse, puisque tout doit être validé par tous les autres partenaires, mais celui qui a les mains dans le cambouis - en l’occurrence l’ambassadeur Le Roy - a, d’une certaine façon, un petit pouvoir d’influence, car il est tout autant le synthétiseur et le coordonnateur en chef des idées en circulation, qu’il va falloir fixer et coucher sur papier.

Ce qui a été décidé, selon notre interlocuteur, c’est de faire émerger dix grands projets qui vont être présentés, avec une centaine d’autres de moindre importance, à la rencontre du 13 juillet prochain: accès à l’eau et dépollution, autoroutes maritimes, bouclage électrique méditerranéen, création d’un fonds pour les PME et d’un autre pour les Infrastructures, Office méditerranéen de la jeunesse, etc. Cela fuse de partout ! Cette phase d’élaboration est capitale car c’est à partir de ce moment, où l’implication des uns et des autres est décisive, que l’on pourra donner de la chair à cet idéal méditerranéen. L’interpellation première s’adresse aux pays du Sud, lesquels semblent reproduire le mode de comportement de celui qui prévalut à l’EuroMed. C’est le moment de travailler en profondeur les projets et de pousser plus avant l’expertise. Chaque pays doit conduire ce travail, mais une concertation entre partenaires du Sud est essentielle pour développer une vision commune. Une chance historique qui ne se reproduira pas de sitôt pour rompre le conservatisme, et sortir de certains archaïsmes. Cette appropriation est la clé de voûte de cette relance ! Une attitude proactive est la meilleure stratégie !

Un test pour l’avenir de la Méditerranée

Bien évidemment, de nombreux points sont encore flous dans ce projet. D’ici juillet - même si le temps est court -, de nombreux rendez-vous vont avoir lieu sur les problématiques de la Méditerranée: à Bruxelles, Barcelone, Rabat, Marseille, etc. C’est le moment de préempter les thématiques. Des équipes doivent se mobiliser pour «plancher» sur tous les détails des projets. La pluralité des intérêts ne doit pas mettre en péril la nécessité d’avancer dans une cohérence d’ensemble. C’est un test grandeur nature pour imposer des choix à cette Méditerranée qui n’a pas cessé d’être, ces dernières années, une abstraction pour les peuples du Sud, pour cause de «verrouillage» des frontières des pays de la rive nord. La guerre des perceptions précède toujours celle des civilisations.

Reste ce détail capital: le sommet est sommé, si je puis dire, de valider des idées nouvelles, de marquer une rupture en termes de vision et de prise de décision avec le passé pour donner à cette Méditerranée un nouvel horizon. L’après sera conditionné par ce moment historique à nul autre pareil ! Cette «propriété commune» (moulkia mouchtaraka, comme aime à dire en arabe Alain Le Roy) s’édifiera et existera, avec une belle perspective historique pour l’avenir. Ou disparaîtra des écrans radar pour longtemps ! Ce sont les hommes politiques qui en décideront !





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