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Archives guerre d'Algérie. [141]

Invité(e)




Posté le : 30/06/2005 à 18:44 (Lu 21548 fois)
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Commentaire :  Mémoires d' Outre-mer: La guerre d'Algérie.


Il était une fois...
1958

http://ms.radio-canada.ca/CBFT/ExtraitpointdeMire1958Algerie200307030000_m_1.wmv

Re: Archives guerre d'Algérie. [149]

boumedienne

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boumedienne

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Saurisseir
361 messages postés


Posté le : 01/07/2005 à 12:53 (Lu 21543 fois)
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Vraiment tres interressant, la guerre d'Algerie vue sous cet angle je n'avais jamais connu, cela me rappelle la presse de l'apartheid des annes 50 en afrique du sud et aux USA. Le sujet est traitée d'une maniere tres subjective mais il est traité tout de même. Une pierre supplementaire dans la reconstituion de notre histoire. Merci encore.

Re: Archives guerre d'Algérie. [280]

Invité(e)




Posté le : 24/07/2005 à 11:31 (Lu 21531 fois)
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LES TRANSMISSIONS PENDANT LA GUERRE D'ALGERIE.

A notre arrivée-nous étions accompagnés d'un officier de liaison et de deux instructeurs- La sentinelle postée devant l'entrée, mitraillette au poing, nous rend un salut impeccable et nous introduit sans mot dire dans les lieux. Il s'agit d'une ferme désaffectée perdue sur le flanc d'une colline. Les murs sont quelques peu délabrés et ressemblent plus à ceux d'une masure de paysans qu'à un établissement où l'on forme d'ordinaire des cadres spécialisés.
Nous traversons un couloir donnant des deux côtés sur des pièces exiguës, informé ment meublées: une petite table, des lits de camp, des notes de service et des graphiques collés au mur. Ce sont les bureaux de travail des instructeurs. Si Mohammed Saïd, un jeune officier maigre et élancé, nous rejoint, arborant un large sourire. A près l'accolade fraternelle que nos maquisards se donnent volontiers après une longue absence ou lorsqu'ils font connaissance pour la première fois, Mohammed Saïd, chef du centre que nous visitons, nous entraîne avec lui. Nous traversons une cour vaste et déserte et nous nous glissons discrètement dans une immense salle rectangulaire dont le toit nu de tuiles rouges fait penser à celui d'un préau.

Un cours d'instruction militaire...
Nous n'avons pas le temps de réaliser où nous sommes. Devant nous, s'offre d'une manière brutale, un paysage compact de tenues Kaki, de nuques dégagées, légèrement penchées en avant. Le maître, un jeune homme robuste, parle sur un ton didactique, accompagnant ses explications de gestes sobres et rares. C'est un soldat que rien ne destinait à la vie militaire. Issu d'une famille aisée de cultivateurs, il a abandonné le lopin de terre paternel, pour se jeter corps et âme dans la guerre libératrice. Deux années de combats continuels ont trempé cette forte nature originaire de l'Ouest de l'Algérie. Un passage dans une école des cadres de l'A.L.N. lui a permis de tirer parti de son expérience, en lui rendant possible de transformer en science rationnelle les connaissances pratiques dont il était pourvu. Maintenant il est officier instructeur, mettant à la disposition de ses compagnons moins expérimentés, les fruits de son labeur et de son courage.
Nous sommes assis à une table du fond où nos voisins se serrent pour nous faire de la place. Personne ne tient compte de notre présence. Aucune tête curieuse ne se retourne pour jeter un coup d'oeil furtif sur les visiteurs insolites. L'instructeur juché sur une estrade, poursuit tranquillement sa leçon. Il se met ensuite à poser des questions. A l'appel de son nom chaque élève se lève et répond : " savoir se poster, voir sans être vu, conserver la liaison avec l'arrière pour assurer le repli..." Il s'agit de la technique du camouflage. Les réponses ne se font pas attendre, elles jaillissent, brèves, tranchantes, sans hésitations aucune, comme la mitraille.
Le maître reprend cependant souvent son élève et développe avec une grande aisance tel ou tel point du sujet. Une impression de chaude fraternité, de discipline, de force et d'intelligence se dégage de cette salle de cours. Les programmes, comme l'a expliqué Mohammed Saïd sont très chargés, jusqu'à 14 heures de cours par jour, mais rien ne laisse transparaître le moindre indice de surmenage ou de lassitude. Partout, des visages nets, rasés de près, reposés, respirant la santé, l'équilibre et surtout cette foi dont la capacité atteint des profondeurs incroyables chez tous nos jeunes Moudjahiddines. Tout à l'heure, nous verrons notre instructeur militaire converser librement avec ses élèves dans la cour, puis battre le rassemblement et les mener à l'exercice en plein air, fusil sur l'épaule...

Une école secrète..
Nous sommes bien dans une école des cadres de L’A.L.N. où une soixantaine de jeunes de 15 à 25 ans triés sur le volet, apprennent à devenir de bons soldats et d'ardents patriotes.
Mais notre école ne ressemble pas aux autres; elle appartient à une catégorie à part. Les étranges pupitres, sur lesquels travaille cette masse de stagiaires sont hérissés de manipulateurs, de prises de courant, de casques d'écoute. Ils font plus penser à une salle de congrès international qu'à un centre d'entraînement de L'A.L.N.
Nous, nous trouvons en effet dans un des lieux les plus secrets de notre A.L.N., où se forment les cadres les cadres de la branche la moins connue de notre Révolution:
Celle des Liaisons et Communications.
Le centre où nous nous sommes rendus, a pour but l'instruction des soldats spécialisés qui doivent faire partie du Corps des Transmissions. En plus d'une formation générale politique et militaire, ils reçoivent une formation technique spécialisée comportant 3 sections différentes.
La première, la plus importante, est celle des O.R. les opérateurs radio. Le niveau minimum exigé est celui des 5-ème des lycées et collèges. Comme dans toutes les écoles de l'A.L.N., le programme est précisé dans un emploi du temps rigoureux, tracé à l'avance et divisé en semaines. Il comporte la lecture au son ( l 'étude du morse) la manipulation du matériel (transmission des signaux), des cours de procédures radio-éléctrique, des notions théoriques d'électricité et des leçons de technologie concernant l'étude du matériel employé, qui devront permettre au futur O.R. d'utiliser convenablement son appareil et de le réparer le cas échéant.
Mes premières semaines du stage, la lecture au son absorbe à elle seule plus de la moitié des heures de cours. C'est à l’occasion de cette matière cruciale dans les écoles de transmissions, que se révèlent les aptitudes pour cette branche. Les inaptes sont au bout de trois ou quatre semaines, soit remis à la disposition des autres services de L 'A.L.N. , soit, lorsqu’ils s’avèrent récupérables et perfectibles, groupés ensemble pour recevoir des cours spéciaux devant leur permettre de rattraper le retard qu’ils ont sur leurs compagnons mieux doués, sans pour cela gêner les progrès de ceux-ci.
Au fur et à mesure que les cours avance, la lecture au son l’instruction militaire générale cèdent de plus en plus le pas à la manipulation, à la technologie, l’écoute et les travaux pratiques dont les heures augmentent rapidement. Le stage des OR, de L’A.L.N. qui dure 3 mois et demi est sanctionné par un brevet d’O.R. de 1ere classe ou de 2eme classe. Les opérateurs radio, après un mois d’activité, reçoivent le grade de sergent-chef ou de sergent des Transmissions, selon leur degré de qualification.

Dépannage radio…
Ces OR, savent normalement accomplir des tâches de dépannage. Mais l’importance de celui-ci est telle que la formation des dépanneurs spécialisés est indispensable. C’est ainsi qu’a pu croître la section de dépannage radio qui rassemble des éléments d’élite. Le brevet et même le baccalauréat sont exigés pour en faire partie. En peu de mots, le conseiller technique du centre, un jeune âgé de 27 ans, ingénieur radio-éléctricien nous explique ce dont il s’agit.
« Le but de notre section de dépannage, nous dit-il est de former à tout prix et en un temps record, des techniciens radio pour la mise en forme du matériel utilisé, le dépannage et même la construction. Les éléments admis dans cette section reçoivent tous les jours, 2 heures de mathématiques ( cours complet d’algèbre des math—élem) et 2 heures de radio ( électricité appliquée. Nous veillons avec soin aux travaux pratiques décisifs dans un domaine comme le nôtre. Nous consacrons une importante partie de notre temps à monter à démonter et à construire des appareils récepteurs et émetteurs. L’insatiable curiosité de nos stagiaires est un stimulant qui facilite grandement notre mission. L’étude des appareils nouveaux les passionne davantage encore. »

…Et régulateurs chiffreurs
L’école de transmissions s’occupe enfin de la formation de régulateurs chiffreurs ; le stage est beaucoup moins long que celui des deux autres sections, mais seuls les militants les plus éprouvés y ont accès. Il s’agit en effet de la branche la plus fermée des transmissions, celle ou l’on élabore les moyens de camouflage pour les réseaux de L’A.L.N. Les stagiaires régulateurs chiffreurs doivent avoir le niveau du brevet au minimum ; ils sont formés par promotion de 20.

Le parachutiste de Godard…
Avant de quitter ce sanctuaire où se forge sans discontinuer une génération de techniciens et de spécialistes élevés dans le culte révolutionnaire de la patrie, soulignons ce fait remarquable que tous les cadres de l’école soient spécifiquement algériens.
Certains ont reçu leur formation dans les premières écoles spécialisées de L’A.L.N. en 1956. D’autre viennent des horizons les plus divers : professeurs, ingénieurs, jusqu’ici dispersés au Maroc, en France ou ailleurs, ancien techniciens de l’armée française promenés au gré des guerres coloniales sous toutes les latitudes. La Guerre d’Algérie les a rassemblés.
Ainsi cette élite rare et disparate qui est arrivée à percer sous la domination française, à force d’intelligence et de courage peut aujourd’hui exploiter en commun ses ressources intellectuelles et techniques et décupler son efficience en unissant son énergie à celle du peuple.
A ce point de vue le cas du chef de l’école que nous venons de visiter à une valeur d’exemple, Mohammed Saïd a fait son instruction dans les écoles de Transmissions de Ben-Aknoun et d’Air de France, prés d’Alger. Il a servi à la 60ème C.T.A.P. (compagnie des Transmissions AéroPortée) à Hydra. Après un cours R.T. passage au 2e R.E.P., à Philippeville, il est envoyé en octobre 1956 en Egypte où il participe, sous les ordres du colonel Godard, au débarquement de Suez.C’est de Port-Saïd en flammes,où il abandonne sa jeep-radio,qu’il s’enfuit ainsi que l’un de ses camarades ,déguisé en pêcheur,pour rejoindre le F.L.N.-L’A.L.N.,lui a assigné une tâche correspondant à sa spécialité,et le parchutiste de Godard est devenu un excellent instructeur de notre jeune Corps des Transmissions.

Un matériel délicat
A l’entrée, un amas d’appareils neufs, enveloppés dans leur house kakie. Ce sont des récepteurs émetteurs A.N.G.R.C.9 de marque américaine. Plus loin c’est un ensemble hétéroclite de haut-parleurs,d’amplificateurs portatifs B.F. de trousses de dépannage. Celles-ci dont le poids n’excède guerre 2 Kilos sont particulièrement adaptés au maquis où l’A.L.N. ne dispose pas à l’instar de l’armée française, de voitures et de camions de dépannage. Nous pénétrons dans la salle d’en face. Quelques jeunes en tenue militaire, portant sur l’épaule gauche, l’insigne des Transmissions, suivent sur un écran ; les différents schémas démeusurément grossis d’un appareil radio. On allume, la salle s’éclaire : sur de longues tables de bois mal poli, un arsenal d’instruments, d’appareils et de pièces de toutes sortes. Nous
Sommes dans l’atelier n° 1 du Centre Technique de dépannage
Pour qui connaît l’extrême délicatesse des appareils radio prompts à se dérégler, et les conditions spéciales du maquis exigeant mille transformations et adaptations de cet outillage afin de le rendre plus pratique et plus facilement maniable. L’importance de ce service paraît évidente. L’atelier N°1 pare au plus pressé : Les récépteurs-émetteurs, ainsi que tous les appareils secondaires, tombés en panne, sont automatiquement démontés et remis en bon état.
L’atelier N°2 se rapproche plutôt du laboratoire. Cest là que sont réalisés tous les travaux de construction depuis le plus petit montage mécanique ( un oscillateur par exemple ) jusqu’au câblage.
Les Transmissions algériennes utilisent en grande partie du matériel monté par leurs propres moyens. Cela s’explique surtout par le fait que l’acquisition des pièces détachées se fait beaucoup plus facilement que celle des appareils tout faits.
Sur une étagère, nous avons pu observer des récepteurs de trafic, des émetteurs de petite puissance( 20 à 50 W) entièrement réalisés par le centre. Ils portent tous, la marque « Armée de Libération Nationale. ,Service des Transmissions »
Des notices techniques à l’usage de l’opérateur (mise en œuvre de l’appareil) et du dépanneur (plus détaillées que les premières) sont éditées par le centre. Chacune porte sur appareil donné : le ANGRC 9
( 20 watts), l’ART 13 (100Watts), le WS 19 (récupéré sur les blindés français) SCR 284(25 Watts, le SCP 300 ou le SCR 284 ( 25 Watts) le SCP 300 ou le SCR 536,portatifs utilisés par les sections en campagne.
Le système nerveux de la guerre
L’aboutissement de tous efforts déployés dans l’école d’instruction et le centre de dépannage, c’est ce magnifique réseau de transmissions qui fonctionne aujourd’hui, 24heures sur 24 heures, reliant dans toutes les directions les différents centres nerveux de notre guerre depuis les départements ministériels du Gouvernement Provisoire jusqu’au P.C. de zone ou même de région, en passant par certains de nos bureaux installés à l’extérieur.
Les compagnies de l’AL.N. en mouvement utilisent généralement des appareils tels que les SCR 536,des SCR 300,les ANPFC 6 et les Téléport 4,en grande partie récupérée sur l’ennemi.
Les récepteurs émetteurs de grande ou de moyenne puissance comme les ART 13( 100 Watts) sont utilisés par les stations semi-fixes installées dans des zones libérées.
Dans une station semi-fixe
C’est une de ces stations qu’il nous fut donné de visiter au cours de notre enquête. L’édifice est situé dans une région retirée. Les habitants du voisinage l’ignorent et les soldats de L’A.L.N. ne soupçonnent même pas son existence. Seuls quelques rares officiers de liaisons en connaissent le lieu. Comme il nous a été expliqué, la station change régulièrement d’emplacement.
A l’intérieur de la bâtisse, règne une animation comparable à celle d’une ruche bien ordonnée. Tout le monde s’affaire en silence et l’on entend que le bourdonnement continuel du morse.
Dans un petit réfectoire, trois jeune gens en uniforme, les cheveux ébouriffés prennent leur repas en devisant à voix basse. On sent qu’ils viennent à peine de sortir du lit, ils avaient travaillé toute la nuit. Après avoir échangé avec eux quelques paroles, nous sommes introduits dans la salle du chiffre. Cette salle n’a rien de particulier, sinon que son accès n’est permis qu’aux régulateurs chiffreurs qui se succèdent par roulement en équipes de trois. Le principe de la séparation du chiffre et de l’exploitation est appliquée ici d’une façon absolue. Les opérateurs reçoivent et transmettent des messages dont ils ignorent le contenu à l’exception des messages en clair. C’est dans la salle du chiffre que les messages révèlent leur sens et c’est pourquoi elle est le seul endroit privilégié où s’entrecroisent les secrets de tout ordre de notre combat.
Les autres salles se ressemblent. Elles sont équipées de gros appareils émetteurs-récepteurs. Dans l’une d’elles, un jeune de 20 ans en blue-jean, opère en silence, écouteurs collés aux oreilles, les doigts passant tour à tour des boutons du récepteur au manipulateur. Il doit passer 6 heures d’affilée dans cette posture, avant qu’un autre opérateur vienne le relever. C’est un lycéen qui a pris le maquis en 1956 et qui a été affecté dans ce centre après avoir fait son instruction dans l’école dont il a été question plus haut.

Une véritable épopée
Cette station demi-fixe est l’équivalent de ce que les Français appellent Poste de Commandement de Réseau ( P.C.R.) ; Elle est équipée notamment de ART 13 et ANGRC 9 qui la retient aux autres stations de commandement de réseau ou à des stations secondaires.
En passant en revue les differents installations des Transmissions algériennes, l’on est frappé par les progrès réalisés dans ce domaine en si peu de temps et avec des moyens si modestes.
Un haut responsable appartenant à ce service nous a retracé l’historique de ces réalisations. Il s’agit d’une véritable épopée qui a commencée il y a 3 ans et qui se poursuit sous nos yeux.
« C’est de bonne heure a-t-il déclaré, que nous avons pris conscience de l’importance des communications par radio. Une guerre à caractère prolongé comme celle que nous menons, exige un système élaboré de communications, permettant de maintenir et de consolider la cohésion de la lutte. La guerre en Algérie repose surtout sur l’initiative locale, mais il est indispensable à partir d’une phase donnée d’assurer un minimum de coordination au sein d’un appareil immense qui s’est compliqué au fur et à mesure de son extension.
3Nous avons commencé à zéro comme au début de toute entreprise de ce genre, l’ardeur de la foi devait compenser la précarité des moyens.
Nous avons commencé par former des opérateurs, le premier stage a eu lieu en 1956,30 jeunes maquisards ont été choisis pour le suivre. Nous étions installés dans un refuge de fortune accroupis à même le sol. Obéissant à un ordre à un ordre du Commandement, nous devions coûte que coûte former en un mois des opérateurs compétents. C’était en plein été ; le manque de nourriture, la chaleur, le surmenage et les alertes continuelles provoquées par l’approche de l’ennemi, n’ont pu entamer notre volonté. Au bout de 21 jours de stage, la moitié de nos éléments prenaient à 900. C’était un résultat stupéfiant, les Français mettaient généralement 10 à 12 mois pour atteindre ce chiffre.
« Des la cinquième semaine, nos stagiaires étaient affectés dans différentes zones. Mais au bout de quatre mois, il nous a fallu prendre acte de l’échec de notre entreprise. Notre matériel était impropre au maquis. Utilisant des appareils- récepeurs-émetteurs pilotés par quartz qui ne permettent qu’une seule fréquence, nos opérateurs n’aient pu accomplir convenablement leur mission. La liaison radio devint une charge supplémentaire et même un danger pour les P.C. de L’A.L.N. Les chefs de zone demandèrent au Commandement de mettre fin à cette coûteuse expérience.
Nous dûmes repenser notre plan initial. Nos opérateurs furent rappelés et regroupés.
« Nous organisâmes pour eux un stage de perfectionnement afin d’en faire des instructeurs. Entre temps un nouveau matériel a été mis à notre disposition.
« Je me rappelle toujours l’émotion que nous ressentîmes mes camarades et moi lorsque nous réussîmes pour la première fois une communication en phonie à l’aide d’un ANGRC 9. Nous étions parvenus à entrer en contact avec un poste ami situé à 800 Kms de nous ! Notre conversation eut lieu en arabe, nous n’en croyions pas nos oreilles.
« Un deuxième stage de 3 mois et demi-conçu uniquement pour des bacheliers et comportant une instruction complète à la fois politique, militaire et technique, fut une entière réussite.
« La voie nous était tracée »
« En avril 1957,le corps de Transmissions de L’A.L.N. était officiellement crée.
« Il nous a fallu par la suite vaincre définitivement les réticences et les appréhensions des chefs de zone déçus par l’échec des premières tentatives. Ils avaient des arguments. Les appareils sont encombrants et, chose plus grave, facilement repérables par l’ennemi. Cependant nos maquisards finirent par comprendre les avantages stratégiques et tactiques d’un système de liaison adéquat par radio : rapidité dans les transmissions des ordres contact permanent entre le commandement et les différents P.C. L’expérience montre que les inconvénients du début furent peu à peu résorbés, tandis que grâce à un matériel efficace et à des spécialistes rodés. L’emploi généralisé de la radio dans les maquis ouvrait de nouvelles perspectives à l’A.L..N. qui voyait son combat se hausser au niveau du E siècle »
Tel est fidèlement recueilli de la bouche de l’un des jeunes pionniers l’Historique des Transmissions algériennes ; Comme toute entreprise féconde, elles ont eu leurs difficultés, leurs incertitudes et leurs drames, leurs héros et leurs martyrs.





Re: Archives guerre d'Algérie. [3218]

Arslane

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Posté le : 01/12/2007 à 11:28 (Lu 21125 fois)
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Des excuses pour quoi faire?

Les morts aux combats étaient "victimes" de leurs devoirs.
L'Algérie ne sera pas enfermée dans la situation d'éternelle "victime"...en face d'un rapport dominant-dominé, relié à un "complexe du colonisé" sciemment orchestré par l'ordre colonial.
NON!!...nos morts n'étaient pas des victimes mais DES HEROS d'une guerre qui portait bien un nom : "LIBERTE" ! (j'écris ton nom!)..
Les combattants ( les djoundis) ne demandent pas d'excuses mais de LA RECONNAISSANCE!...( sur le champ d'honneur leurs tombes restent anomymes mais nullement victimes du temps) ..
Pour écrire une Histoire commune sur ce passé là..il faudrait qu'il y'ai une libre circulations des Idées et des Hommes or actuellement...L'Histoire est soumise à UN VISA DE CENSURE!...

Existe -t-il de la "Brouille" dans les transmissions de l'information?..Des responsables de la Communication peuvent dépêcher quelques dépanneurs (radio)..

Quant à "la question" de la Torture elle relève de la conscience humaine et des tribunaux des Hommes.
A quand le chatiment?

Re: Archives guerre d'Algérie. [3499]

Arslane

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Posté le : 04/06/2008 à 14:44 (Lu 2626 fois)
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DOSSIERS

IL ÉTAIT UNE FOIS LE MALG
Boussouf sort de l’ombre
12 Août 2007 - Page : 8
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La majorité des gens voient Boussouf en militaire, colonel, oubliant qu’il était avant tout un homme politique de valeur.

Le Malg est l’abréviation du Ministère de l’Armement et des Liaisons générales, ministère créé le 16 Janvier 1960 par le Cnra, qui résulte de la fusion de deux ministères, celui des Liaisons générales et des Communications détenu par Boussouf Abdelhafidh et celui de l’Armement et du Ravitaillement général détenu par Chérif Mahmoud, relevé de ses responsabilités lors de ce remaniement.
C’est la rencontre exceptionnelle d’un responsable hors du commun et d’une jeunesse ayant abandonné ses études après la grève de mai 1956, disposée à affronter l’ennemi, disposée à confronter tous les problèmes et les misères, mieux disposée au sacrifice suprême pour que vive l’Algérie indépendante.
Cette jeunesse était formée d’élèves préparant leur baccalauréat et d’étudiants de première et deuxième année pour la plupart.
En fonction de leur date de recrutement, de leur compétence et des besoins, ces éléments étaient dirigés sur des centres de formation bien spécifique.
C’est ainsi que l’on peut chiffrer approximativement le nombre des éléments en question à 1500 personnes auxquelles il faudrait ajouter plus d’un millier d’agents.
L’Association nationale du Malg prépare un document avec des informations sur l’ensemble des éléments de ce ministère.
Le Malg était structuré comme suit:
Le secrétariat général avec comme secrétaire général, Laroussi Khalifa (Abdelhafid)
La direction des transmissions sous la responsabilité de Telidji Ali (Cdt Omar).
La direction de la vigilance et du contre-renseignement sous la responsabilité de Berrouane Abderahmane (Safar) et comme adjoints Bouzid Abdelkader (Abou El Fath) et Maoui Abdelaziz (Saddek).
La direction de la documentation et de la recherche sous la responsabilité de Khelladi Mohamed (Tahar) et comme adjoint Bessayah Boualam (Lamine).
La direction des liaisons générales sous la responsabilité de Rouai Hadj Mohamed (Tewfik ou Hadj Perrégaux) et comme adjoint Méliani Ménouar (Djamal).
La direction de l’armement à sa tête Benmostefa Amar (colonel Benaouda) et comme adjoint Bayou Saïd.
La direction de l’armement ouest sous la responsabilité de Boudaoud Mohamed (Mansour) et comme adjoint Labbaci (Azzouz).
La base Didouche sous la responsabilité de Hassani Abdelkrim (Ghaouti).
Un secrétariat à Rabat sous la responsabilité de Delci Noureddine (Rachid).
Un secrétariat au Caire sous la responsabilité de Deroua Ali Chérif (Ali Chérif)

Abdelhafidh Boussouf

Né en août 1926 à Mila, il appartenait à la branche appauvrie ‘’d’une grande tente’’.
Après avoir obtenu son brevet élémentaire à Constantine, il travaille comme livreur dans un magasin de vêtement dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Il adhère au PPA/Mtld à l’âge de 16 ans avant même d’obtenir son diplôme du brevet élémentaire.
En 1947, il devient membre actif de l’Organisation secrète (OS) à Constantine.
En 1950 il est nommé chef du parti à Philippeville (Skikda) jusqu’à la fin de 1952. Recherché, il est muté à Oran puis à Tlemcen.
En juillet 1954 il assiste à la réunion des 22 qui a décidé du déclenchement de la Révolution.
Au 1er novembre 1954 il est l’adjoint de Larbi Ben M’hidi désigné comme responsable de la Zone 5.
Après le congrès de la Soummam et la nomination de Ben M’hidi comme membre du Comité de coordination et d’exécution (CCE) il est nommé colonel commandant de la wilaya V.
En août 1957, il devient membre du CCE et du Comité permanent de la révolution (CPR) et désigne Houari Boumediene à la tête de la wilaya V.
Le 18 septembre 1958, il est nommé ministre des Liaisons générales et des Communications ayant son siège au Caire.
Le 16 janvier 1960, il devient ministre de l’Armement et des Liaisons générales (Malg).
A la même date, il devient membre du Comité interministériel de la guerre (CIG) avec Krim Belkacem, vice-président du Gpra, ministre des Affaires étrangères et Bentobal Lakhdar, ministre de l’Intérieur.
Ce Comité est désigné pour contrôler et superviser l’état-major général de l’ALN (MG) dirigé par Houari Boumediene.
Après la crise de 1962, il se retire à Tunis et devient un homme d’affaires de renommée internationale.
En 1964, il assiste au congrès du FLN tenu à Alger du 16 au 21 avril 1964, sans pour autant avoir à intervenir mais disposé à répondre à toutes les attaques.
Depuis cette date jusqu’à sa mort, il s’est toujours tenu loin de la politique, tout en se disant disponible pour servir la patrie.
Durant la crise de 1962, il avait demandé à l’ensemble de ses troupes de s’abstenir de prendre position dans la crise et d’être à la disposition du pays, quel qu’en soit le vainqueur.
Depuis cette date jusqu’à sa mort à Paris, le 31 décembre 1980, il n’a jamais donné d’interview à qui que ce soit, ni donné son point de vue de façon officielle.
Il est mort dans son appartement à Paris, en présence de sa femme, d’une crise cardiaque alors qu’il discutait au téléphone avec Si Mohamed Fquih Basri, opposant marocain qui lui avait téléphoné pour lui présenter ses voeux pour la nouvelle année.
Il était marié depuis 1960 à une Algérienne et père de trois enfants dont l’aîné est décédé à l’âge de 11 ans suite à une leucémie.
Contrairement à ce que beaucoup de personnes véhiculent, il n’a jamais revu Boumediene depuis une fameuse rencontre de réconciliation organisée conjointement par Zeghar Messaoud (Rachid Casa) et Noureddine Delci dans l’appartement de Zeghar à Casablanca, le 12 février 1962. Zeghar est arrivé à convaincre Boumediene de la nécessité de cette rencontre. Delci en a fait de même avec Boussouf. Réunis dans l’appartement, Zeghar et Delci se sont excusés de ne pas assister à leurs discussions et ont promis de revenir au bout de deux heures. A leur retour, ils n’ont trouvé que Boussouf qui les a informés que Boumediene a quitté l’appartement, vingt minutes après eux, refusant tout compromis.
D’autre part, cette biographie doit être complétée par certaines précisions:

Formation de Boussouf

Harbi écrit dans son livre Un homme debout, page 92: «Jeune étudiant en 1952 à Skikda, Boussouf m’a recommandé la lecture de deux livres Que faire de Lénine et l’Ere des organisateurs (The Managerial Revolution) de James Burnham.»
Tout le monde connaît plus ou moins Lénine, quoique peu d’Algériens, du moins en ce temps-là, avaient lu son oeuvre
Que faire? Sans parler de l’Ere des Organisateurs de James Burnham, le père de la philosophie du libéralisme actuel.
Si on recommande ces livres, c’est qu’on les a déjà lus, c’est le moins que l’on puisse en conclure.
D’autre part, en septembre 1959, Boussouf m’offre un livre que je garde encore jalousement comme souvenir Le Viol des foules par la propagande politique écrit par Serge Tchakhotine (1883-1973) élève de Ivan Pétrovitch Pavlov. Ce livre a été censuré par le ministère français des Affaires étrangères en 1939, détruit par les Allemands après avoir occupé la France, interdit de publication et de vente sur tous les territoires occupés par Hitler, ce qui prouve s’il en est besoin, sa valeur. (livre publié chez Gallimard en 1952).
Boussouf paraissait très renfermé. Bien au contraire, sous un aspect sévère, il était très ouvert dès que la discussion devenait intéressante.
Les autres traits de son caractère sont: l’intelligence, la malice, la provocation, son esprit cartésien, ses capacités de travail, sa curiosité, son sens de l’organisation et son appétit culinaire qui a été l’un de ses problèmes majeurs après la Révolution. Dès l’indépendance, ayant eu des problèmes de tension, ses médecins lui avaient prescrit un régime qu’il refusait d’appliquer, allant jusqu’à acheter du pain et le consommer en dehors de chez lui.
Les anecdotes ci-dessous donnent une idée de son caractère:
Je l’ai vu à trois reprises pincer, avec l’index et le majeur, le nez de Ferhat Abbas, président du Gpra, en lui disant: ‘’Tu vois que nous t’avons ramené à nous et qu’on a fait de toi notre président’’ et Abbas de répondre: ‘’Mabrouk, n’oublie pas l’adage français, jeu de mains, jeu de vilain’’ ce qui n’empêchait pas Boussouf d’éclater de rire en ajoutant: ‘’Vilain ou pas, tu es avec nous’’.
En octobre 1960, Boussouf me remet une lettre blanche, fermée pour me demander de la mettre dans le coffre. Quelques jours plus tard, il me demande de lui remettre la lettre qu’il garde un jour, puis me la redonne toujours en me demandant de la garder dans le coffre.
Ce va-et-vient de la lettre s’est produit à trois reprises. En la remettant à chaque fois dans le coffre, je mettais dessus un dictionnaire parce qu’elle était froissée lorsqu’il me la remettait de nouveau.
La dernière fois, il me demande de lui remettre la lettre et m’invite à déjeuner dans le restaurant l’Union en face de la Cour suprême d’Egypte. Après avoir commandé pour deux, Boussouf ouvre la lettre, me fixe droit dans les yeux et m’accuse d’avoir ouvert la lettre.
Je lui ai répondu que je ne l’ai pas ouverte, et si elle n’est pas froissée, c’est que chaque fois qu’il me la remettait de nouveau, je mettais dessus un dictionnaire. Il me rétorque, je ne suis pas fou, m’accusant encore de l’avoir ouverte. Ayant maintenu mes dires, il me montre une feuille blanche recto verso, qu’il venait de tirer de l’enveloppe en criant, «tu vois bien, je ne suis pas fou pour te donner une enveloppe avec une feuille blanche». S’étant aperçu que je commençais à paniquer, ne sachant quoi lui répondre, il arrête les dégâts par «c’est un test, Ali Chérif». Inutile de vous dire que je n’ai pas pu déguster le poulet désossé qu’il m’avait commandé.
En janvier 1960, Boussouf invite le colonel Lotfi, de passage au Caire, et lui déclare: «Lotfi, les Français ont fait en 1789, une révolution qu’ils exploitent jusqu’à ce jour. Nous, nous avons fait une Révolution aussi grande, dont nous ne sommes pas à la hauteur, car elle est déjà partie, en nous laissant dans un oued».
Cette réflexion, à elle seule, donne une idée de son caractère, de sa valeur, de sa lucidité et de ses prévisions futures sur l’Algérie.
En 1960, Boussouf demande à Mahmoud Amrani, l’un des opérateurs au Caire, pourquoi ses collègues le surnomment Djeha. Celui-ci lui répond: «Pourquoi me le demander à moi, demandez-le à ceux qui m’ont donné ce surnom», et Boussouf de lui rétorquer: «Je comprends maintenant pourquoi ils te surnomment Djeha, parce que réellement tu le mérites.»
Je pourrais citer plusieurs exemples à même de vous donner une idée de sa valeur, de son intelligence, de sa malice ou de son espièglerie
Comme chaque individu, Boussouf n’était pas exempt de défauts dont le plus visible était une méfiance viscérale.
La majorité des gens voient Boussouf en militaire, colonel, oubliant qu’il était, avant tout, un homme politique de valeur.
Pour corroborer mon jugement, quoi de plus simple et logique que de citer un article écrit par Abdelhafid Boussouf, officier de l’ALN, chef adjoint de la zone V, sur El Moudjahed n°2 de juin 1956, Tome I, page 32 sous le titre:
Mission libératrice de l’ALN
«L’ALN est venue au monde le même jour que le FLN et la Révolution du 1er Novembre».
Alors que le FLN traduit les objectifs révolutionnaires du peuple algérien et ses aspirations nationales, l’ALN est, et demeurera l’outil complémentaire indispensable.
Indissolublement liés, l’un et l’autre ont puisé leur raison d’être dans le joug colonialiste français, la volonté libératrice de la nation algérienne, la faillite des partis politiques algériens, enfin l’entêtement aveugle et l’esprit rétrograde de Messali.
L’un et l’autre s’appuyant sur les énergies vives du pays feront triompher envers et contre tous, les forces militaires et policières françaises et les contre-révolutionnaires, les droits sacrés du peuple algérien à vivre libre, chez lui et à bâtir son destin...
Puisant leurs réserves intarissables dans le soutien indéfectible et la volonté indomptable du peuple, l’ALN et le FLN, les facteurs de l’évolution historique maghrébins et internationaux aidant, briseront les chaînes de l’impérialisme et consacreront la libération du pays.
Guidée par le sage et clairvoyant FLN, expression de la nation martyre, l’ALN gagnera cette bataille de l’indépendance comme celle de l’unité et de l’émancipation nationale.
Après s’être attaqué aux positions des communistes et des socialistes français, entre autres, il ajoute: «Si aujourd’hui, nous dénonçons ces faits, ce n’est pas que nous sommes animés par un quelconque chauvinisme contre le peuple de France, c’est surtout pour faire disparaître l’illusion chez ceux d’entre nous -surtout des intellectuels- qui croient pouvoir mettre fin au conflit algérien en influençant l’opinion en France».
Il conclut: «Nous sommes sûrs de les chasser définitivement du sol de nos ancêtres. La patrie libérée pourra alors retrouver la paix, la sécurité et le bonheur et entretenir des relations amicales avec tous les peuples de la terre.»
Je pense qu’un tel article prouve si besoin est que Boussouf était avant tout un homme politique.
Malheureusement, Boussouf n’est perçu qu’à travers un événement tragique qui a noirci l’histoire de la Révolution. Cet événement est abordé dans un chapitre concernant cette affaire.

Les transmissions

La première promotion a formé sous la responsabilité de Telidji Ali (commandant Omar) assisté de Saddar Senouci (Moussa) et de Reynold Ervin (Zidane), 26 opérateurs dont la liste suit par ordre alphabétique: Aïdaoui Omar (Youcef), Attar Mohamed (Farid), Benacef Mustapha (Larbi), Benachour Abdelkader (Azzouz), Benachenou Mourad (Hamou), Bendimerad Ahmed (Chahid), Benmiloud Nourredine (Bensouda), Benyakhlaf Hassan (Mounir), Berrounane Abderahmane (Safar), Bouzid Abdelkader (Aboul Feth), Chenaf Abdelkrim (Kaddour), Dekkar Boualem (Ali Guerras), Dib Boumediene (Abdelmoumen) Gaouar Abdelmadjid (Aïssa), Hacini Ahmed (Omar), Hadjadj Aoul Mustapha (Mahfoud), Hakiki Mohamed Benamar (Rachid) Hamdani Brahim (Zenaga) Kharroubi Abdelkader (Abounasr) Krim Hocine (Wassini), Maâkel Ahmed (Abdelghani), Msirdi Larbi (Hocine), Nakkache Mustapha (Chérif), Rahali Benamar (Miloud), Rostane Mohamed (Abdelwafi), et Seferdjeli Mohamed (Mansour).
La sortie de cette promotion date de septembre 1956.
Cette promotion a été formée dans une villa à Oujda dans des conditions très difficiles, promiscuité, clandestinité et en un temps record, moins de deux mois, alors que dans l’armée française, la formation durait neuf mois.
Lorsque Boussouf est devenu membre du CCE à la réunion du Cnra au Caire, en août 1957, plusieurs cadres formés à Nador et à Oujda ont été mutés à Tunis pour aider à l’implantation nationale des services de transmissions. En Tunisie, un début de création des services de transmissions a été initié par les autorités militaires de la Révolution, sous la responsabilité de Laghouati Abderrahmane, connu sous le nom de Laroussi.
A partir de septembre 1957, les promotions des transmissions se faisaient successivement au Maroc et en Tunisie. C’est ainsi que les promotions 1, 2, 3, 4, 6, 8, 10 et 12 sont sorties de Nador et les promotions 5, 7, 9 et 11, de Tunis.
Il y eut aussi, quatre promotions de techniciens radio ainsi que deux promotions de chiffreurs durant la lutte de Libération.
C’est ainsi que l’on peut quantifier à 500 opérateurs, techniciens et chiffreurs, le nombre des éléments des transmissions durant la lutte de Libération.
A la formation du Gpra, l’organigramme des transmissions était le suivant:
Telidji Ali (Omar), commandant des transmissions nationales.
Il est à signaler que Telidji Ali (Omar) a été le premier commandant de l’ALN dont la nomination a été décidée durant la 2e réunion du Cnra au Caire en août 1957.
Bouzid Abdelkader (Abou El Fath), directeur de l’exploitation.
Hassani Abdelkrim (Ghaouti), directeur des écoles.
Laghouati Abderahmane (Laroussi), inspecteur.
Saddar Snoussi (Moussa), directeur technique.
En 1960, le service du chiffre qui faisait partie intégrante du corps des transmissions a été rattaché à la Direction de la vigilance et du contre-renseignement (Dvcr). Jusqu’à l’indépendance, il a été dirigé par Abou El Fath.
A la fin de l’année 1957, les huit zones de la Wilaya V étaient pourvues d’une station radio avec deux opérateurs ainsi que les PC des cinq autres wilayas.
Sur le plan militaire, des centres d’écoute de l’ennemi opéraient dans une clandestinité totale sur les deux frontières ouest de l’Algérie à Oujda et Figuig au Maroc et est à Ghardimaou et Kef en Tunisie.
Avec ces centres d’écoute, nous parvenions à suivre les déplacements des troupes ennemies, à connaître le nombre des unités engagées dans les opérations et à écouter les commentaires de certains opérateurs français sur leurs supérieurs et sur leur moral.
Nous suivions à la trace les déplacements des troupes, les informations qu’elles s’échangeaient durant les accrochages, les ordres donnés à leur aviation pour intervention, etc.
Tous les messages captés, par morse ou par phonie étaient immédiatement remis aux autres services du Malg et aux autorités militaires concernées pour exploitation immédiate.
Sur le plan diplomatique, des stations ont été installées à la disposition des missions diplomatiques algériennes à Rabat, Tunis, Tripoli, Le Caire, Damas, Baghdad, Pékin, Conakry, Bamako et Accra.
Pour ceux qui s’intéressent aux transmissions, je leur recommande tout particulièrement, la lecture de Ondes de choc, les transmissions durant la lutte de libération de Senoussi Saddar éditions Anep, Les Maquisards, Mansour Rahal Besouiche Abdelmadjid Benmaâlem

La Radiodiffusion

Le 16 décembre 1956 a été l’apothéose de l’apport des transmissions nationales à la Révolution.
Ce jour-là à 20 heures, a résonné à travers les ondes une nouvelle radio avec comme slogan: «Ici la radio de l’Algérie libre et indépendante, la voix du Front de libération et de l’Armée de libération nationale qui vous parle de l’intérieur de l’Algérie».
Cet instant solennel s’est déroulé en présence de Boussouf, chef de la wilaya V, Boumediene, son adjoint, Maâchou Abdelkadre (Abdeldjelil), responsable FLN pour le Maroc oriental, commandant Omar, Saddar, Seferdjli Mohamed, Benachour Abdelkader, Chenaf Kaddour, tous éléments des transmissions, Mokrane Mohamed (Nasser) et Taouti Ahmed (Chaâbane) responsables de la wilaya V.
Le même texte écrit par Maâchou Abdelkader sera lu par trois speakers avec des noms choisis qui sont tout un programme: Okba (Bencheikh Redha, membre de l’Association des oulémas, ancien directeur de la médersa de Beni Saf) en arabe Salahdeddine (Méziane Abdelmadjid, intellectuel et militant FLN), en français Youghourta (Benabdallah Hamoud), magistrat exerçant au Maroc, militant du FLN, en tamazigth.
Quel beau trio de noms symboliques et de valeurs intrinsèques qui feront vibrer le coeur des Algériens durant la lutte de Libération.
Plus tard, ils seront rejoints par Aïssa Messaoudi. Par la tonalité de sa voix, la profondeur de ses messages, la vivacité de son esprit, la fermeté de sa foi, il devient l’incarnation et le symbole de l’Algérie combattante. Orateur convaincant et convaincu, il transmettait à travers le timbre de sa voix, toute la passion d’un peuple disposé à mourir pour que vive l’Algérie. Hérault du combat libérateur, il ne tarda pas à devenir la fierté de tout un peuple.
Quoi de plus magnifique que le témoignage du président Houari Boumediene: «Aïssa, par tes appels tu as permis à des dizaines de milliers d’Algériens de rejoindre le maquis». Durant plusieurs années, les Algériens attendaient avec impatience, chaque soir, Aïssa Messaoudi prononcer, avant chacun de ses discours, cette formule magique: «Ici la voix de l’Algérie libre et combattante. La voix du Front de libération nationale et de l’Armée de libération nationale qui vous parle d’Algérie».
La Direction de la vigilance et du contre-renseignement
La Direction de la vigilance s’occupait tout spécialement de l’infiltration d’éléments ennemis dans les rangs de la Révolution. Il est inutile de rappeler que l’ennemi était la quatrième puissance militaire, économique et politique de la planète et qu’elle disposait d’un des réseaux de renseignements les plus performants de l’époque. Boussouf avait peur aussi de l’infiltration dans nos rangs d’éléments messalistes à la solde de l’ennemi.
Sécuriser la révolution était l’objectif principal de cette direction. La direction du contre-renseignement avait une toute autre mission. Celle-ci consistait à analyser, filtrer afin de confirmer la véracité du renseignement reçu et ne pas se contenter de l’exploiter dès sa réception.
Dans ce cadre, cette direction utilisait, à leur insu, souvent deux ou éléments sur le même sujet pour pouvoir décider de la valeur du renseignement obtenu.
L’étanchéité des services était la meilleure garantie du travail parfait. Ce qui n’empêchait pas une certaine synergie entre les différents services tout au long des années durant lesquelles ils exerçaient.
La direction de la documentation et de la recherche.
La direction de la documentation est chargée de la lecture et de l’analyse de tous les documents concernant la vie politique, économique et militaire de tous les pays de la planète et tout particulièrement ceux de France, d’Algérie et des pays voisins, frères et amis.
Elle recevait les renseignements collectés par les différents services et préparait des notes de travail à tous les services du gouvernement provisoire pour exploitation ou information.
La direction de la recherche était spécialisée sur des opérations bien spécifiques qui intéressaient surtout les aspects de projection des positions algériennes durant la lutte de Libération.
Les Directions de l’armement est et ouest avaient les mêmes structures et pratiquement les mêmes services: Service de l’armement et du matériel, service du ravitaillement général.
A l’est, il y avait des bases d’implantation en Tunisie, en Libye, Egypte, Irak et Syrie.
A l’Ouest, il y avait des bases au Maroc et tout particulièrement dans le nord de ce pays, partie colonisée par l’Espagne où la sécurité était meilleure par rapport au reste du territoire marocain.
Au Maroc aussi, le Malg avait installé clandestinement une usine de production d’armement tels que mortiers, mitraillettes, obus et munitions.
A ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Révolution et au rôle du Malg je leur conseille de visiter le musée de l’ANP, à Alger, où les armes produites par le Malg se trouvent exposées.
Je leur conseille aussi de lire les livres écrits par certains frères tels que: La logistique durant la guerre de Libération de Abdelmadjid Bouzbid, C’étaient eux les héros de Mustapha Benamar, Les hommes de l’ombre de Mohamed Lemkami.
La base Didouche, située à 80km au sud de Tripoli en Libye, était le centre nerveux de la Révolution. Tout était centralisé dans cette base de Libye où travaillaient nuit et jour, dans une clandestinité totale plus de 200 personnes. Chacun dans son secteur d’activité lisait, analysait, synthétisait l’information ou les journaux, revues spécialisées pour en tirer les conclusions à même d’être exploitées. La plupart des éléments présents dans cette base formaient l’élite des services du Malg à même de donner le meilleur d’elle-même pour que la direction, autant civile, que militaire de la Révolution, soit alimentée journellement de toutes les informations nécessaires lui permettant de prendre, en connaissance de cause, ses responsabilités.
Le rôle principal était de donner aux autorités algériennes toutes les informations nécessaires sur l’ennemi (politiques, économiques et militaires) afin de leur permettre d’analyser les situations et de prendre les décisions adéquates.
A titre d’exemples, je me permets de vous raconter deux anecdotes qui, à elles seules, donnent une idée du travail colossal des éléments de cette base.
Le président Ferhat Abbas, de passage en Libye, visite pour la première fois la base Didouche. Il n’en croit pas ses yeux et s’exclame: «Je comprends maintenant, l’origine des documents exceptionnels que Boussouf fournissait au Gpra»
Lakhdar Bentobal, ministre de l’Intérieur, visite lui aussi la base et devant l’élément qui lui présente le fichier, Ahmed Ouadane (Habib), il demande s’il est possible de voir sa fiche. Après un regard de connivence avec Boussouf pour demander quoi faire, il retire la fiche et la lui remet. Bentobal réplique: «Tes éléments me connaissent beaucoup plus que toi que je fréquente depuis toujours» puis demande à voir la fiche de Boussouf. Ayant lu celle-ci il s’exclame de nouveau: «Ils te connaissent beaucoup plus que moi, chapeau»...

(*) Ancien responsable au Malg

Ali Cherif DEROUA

source:
http://www.lexpressiondz.com/article/8/2007-08-12/45109.html



Re: Archives guerre d'Algérie.

Arslane

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Posté le : 07/06/2008 à 09:51 (Lu 2622 fois)
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Tlemcen : Un rescapé raconte l'horreur du 4 juin 1957
par Sid'ahmed Cheloufi

Au moment où la France officielle refuse de reconnaître le génocide du 8 mai 1945, il est utile, par devoir de mémoire, de rappeler après 51 ans ce qu'a vécu la population de Tlemcen un certain mardi 4 juin, où des centaines de civils ont été fusillés au Medress (actuellement place des Martyrs) et dans les différentes artères de la ville. Même les lieux sacrés comme la Grande Mosquée ont été piétinés par les hordes colonialistes menées par les parachutistes du général Bertrand, connu pour son caractère raciste et sanguinaire lors des tortures subies par les militants arrêtés et emprisonnés dans les cellules minuscules (cages) de «Dar Général».

Hadj Djelloul Benosman, qui s'est opposé aux militaires qui ont bafoué les tapis de la salle de prière, a été abattu froidement. Même le minaret n'a pas été épargné puisque des soldats ont gravi les escaliers à la recherche de supposés fidaïs qui s'y cacheraient !

Le témoignage de Abderrazak Bendimered, un des rescapés de cette tuerie collective qui s'est déroulée devant l'actuel café Azzouni, en face du local de matériaux de construction de Hadj Slimane, a assisté à l'assassinat sous ses yeux de son père Hadj Hamed Bendimered et de son petit frère Mostefa, un enfant tué dans les bras de son papa. Que Dieu ait leur âme.

Ecoutons Abderrazak, blessé à la jambe, qui a fait le mort pour ne pas être achevé: «Dès que l'explosion de la première grenade retentit (grenade lancée contre le groupement de Sénégalais à Dar El-Hadith, autre lieu sacré bafoué par l'armée coloniale), notre quartier d'El-Medress entra en ébullition. Les gens se mirent à s'agiter dans tous les sens. Dans un premier temps, notre père Hamed nous ordonna, à mon jeune frère Mostefa et à moi, de demeurer à ses côtés, dans notre boutique quoi qu'il arrive. Cependant, juste au moment où il allait tourner la clé de la serrure, de l'intérieur, il lui sembla, me soufflera-t-il la voix tremblante, avoir aperçu des soldats tirer sur les magasins de notre rue à travers les portes et les rideaux fermés. Mon père (Rahimahou Allah), d'habitude placide, avait d'un seul coup perdu son calme. Je pris peur à mon tour. Chuchotant quelques prières, mon père nous demanda de sortir sur-le-champ. Aussitôt dehors, nous nous empressâmes de fermer notre porte tant bien que mal. Le fils Azar, un voisin israélite, nous interpella, nous invitant à nous réfugier chez lui. Ah, si seulement nous l'avions écouté ! Mais nous ne savons plus où donner de la tête. A cet instant précis, un tir extrêmement violent, comme provenant de partout, éclata. J'appris plus tard que les premières salves commencèrent à partir des terrasses de Dar El-Hadith, là où les sentinelles militaires se tenaient en permanence. Mon père me prit le bras, me serrant bien fort, tandis que de l'autre main il traînait mon jeune frère. Sur notre chemin, nous trouvâmes la route bloquée par de nombreux soldats noirs. Ils avaient les yeux hagards et paraissaient non seulement excités, mais dans un état de fureur extrême. Je vis celui qui les guidait les inciter et les aiguillonner pour les pousser à plus de brutalité. C'était un policier corse en tenue civile: nous le connaissons de vue. «Ne tuez pas ceux-là», ordonna-t-il aux soldats en nous désignant du doigt. «Venez vite, ajouta-t-il, mettez-vous derrière moi et restez groupés». Mais le policier corse disparut. Nous nous trouvâmes soudain sans protection, livrés à la haine des soudards. Tout en continuant à nous malmener, ils nous obligèrent à lever les mains en l'air. Nous poussant sans ménagement, ils nous placèrent la face contre le mur du cabinet de l'avocat Huertas et de la maison d'Elie Benzaken (actuellement immeuble des héritiers Dib). Nous étions une cinquantaine de personnes environ: quelques-uns tremblants, agités, serrés les uns contre les autres, alignés le long de ce maudit mur. Il était 18h28.

Soudain, comme obéissant à un ordre donné, ils commencèrent à nous tirer dessus. La première rafale toucha Hadj Hocine Yellès dans le dos, puis une autre fit tressauter le corps meurtri, avant qu'une troisième ne l'achevât à bout portant. La seconde victime, El-Hadj Ahmed El-Hassar, mourut sur le coup. A cet instant, je reçus une balle dans la cuisse droite (il me montra la trace restée indélébile de sa blessure). Je m'écroulais sous l'effet de l'impact. Autour de moi, ce n'était que cadavres déchiquetés, que sang et désolation. je cherchais des yeux mon frère et mon père: le corps de cet dernier gisait à quelques mètres de moi. Je pressentis le pire. Je tentais de me lever pour m'approcher de mon père et le toucher. Etait-il possible qu'un souffle de vie, si tenu fût-il, restât en lui ? Pour m'en convaincre, je rampais littéralement vers l'endroit où il gisait, bien que ma douleur, amplifiée sous l'effort, devint insurmontable. Mais plus pénible fut la scène que j'allais découvrir: derrière le cadavre de mon père que je réussis à retourner, gisait le corps livide de mon petit frère Mostefa, baignant dans une immense mare de sang. A Dieu nous appartenons et à Dieu seul nous retournons» (pleurs).

Cette journée du mardi 4 juin 1957 ne pourra être oubliée par toutes les familles, et elles sont nombreuses, qui ont perdu un des leurs. Ce carnage, décrit par Omar Dib dans son livre intitulé «Un forfait contre l'humanité», est une preuve inéluctable que le colonialisme n'a jamais accepté les coups de boutoir que lui assenaient nos jeunes fidaïs qui, malgré la répression et la torture, lançaient leurs grenades sans arrêt contre les barrages et les patrouilles de militaires qui assiégeaient Tlemcen jour et nuit.



Re: Archives guerre d'Algérie. [3575]

Arslane

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Posté le : 29/11/2008 à 10:34 (Lu 2469 fois)
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Les réseaux d’écoute de l’ALN
par Lakhdar Abdelhamid Dit «Benaïssa» *

1. Préambule

Suite à l’article intitulé : « Les réseaux radio de la Révolution algérienne du 1er Novembre 1954», paru dans la rubrique « Histoire » d’El-Watan du 18 août 2008, sous la plume de Monsieur Mohamed Debbah et, dans un double souci de contribution et d’éclairage, nous apportons, ci-après, en tant qu’acteur, un historique sur cette extraordinaire aventure à laquelle nous avons personnellement et modestement participé, du 23 octobre 1956 jusqu’à l’Indépendance, et ceci, après avoir rejoint le maquis le mercredi 5 septembre de la même année. Si nous nous sommes totalement abstenus d’en parler pendant plus d’un demi-siècle, c’est parce que nous estimions que notre participation à cette aventure relevait de l’intérêt suprême de la Nation, et que ceux que la destinée avait fait contribuer n’avaient nul besoin d’en faire étalage. Or, il nous apparaît aujourd’hui, plus que jamais, que les matériaux et témoignages détenus par les vrais acteurs doivent être mis à la disposition des chercheurs, historiens ou de ceux qui cultivent une passion pour les pages écrites par notre glorieuse guerre de Libération. C’est sous ce seul angle que notre motivation s’articule.

Dans les lignes qui vont suivre, nous nous proposons de faire une rétrospective dans le respect de la chronologie nous en tenant aux seuls éléments dont nous avons été témoins et que nous pouvons corroborer par force documents.

Les transmissions utilisant surtout des codes, nous veillerons à ce que le récit touchera, outre les personnes qui ont été mêlées au sujet, les lecteurs avertis, les spécialistes et même les profanes. A la litanie technique prévaudra la vulgarisation la plus concise possible.


2. Genèse de la mise en place des services d’écoute

Entre fin novembre et fin décembre 1956, tout un groupe de Moudjahidine attendaient, à Oujda, leurs affectations vers des maquis algériens. Avec le frère Mahfoud, nous devions rejoindre la station radio du Commandement ALN de l’Ouest, à Oran. Cette station ayant été découverte par l’armée française, nous fûmes contraints de rester à Oujda attendant une nouvelle affectation. Au cours de cette attente, arrivèrent du maquis deux combattants, Moumène et Farid venus réparer leurs postes radio. Le frère Moumène, ancien opérateur radio, disposant d’un poste, commença à se balader sur les fréquences. Il tomba sur celle de la gendarmerie de Tlemcen d’où il était originaire. Il capta un message où l’arrestation de son propre père était annoncée ce qui lui provoqua un véritable choc qui mit en émoi tous ses camarades. Mais il était dit qu’à quelque chose, malheur était bon. Son cas fut relaté au Commandement qui comprit de suite qu’il avait là une chance inespérée de perfectionner son organisation, et c’est ainsi que la décision de créer un centre d’écoute fut immédiatement prise. Une fois leurs radios réparées, Moumène et Farid repartirent pour le maquis, mais il était dit qu’ils n’y parviendraient pas : ils tombèrent tous deux en Martyrs, début décembre 1956, à peine la frontière traversée.


3. Mise en place

Entre-temps, Abdelhafid Boussouf, commandant la Wilaya 5, avait ordonné de lancer un centre d’écoute radio. Il désigna le Commandant Omar de le mettre sur pied et notamment le E.R.E. (Ecoute des Réseaux Ennemis). Pour la mise en place de ce centre, furent désignés sept membres : Hakiki, Mohamed, Larbi, Benaïssa, Azzouz et Miloud avec pour chef de centre Zidane (Allemand d’origine). Six postes radio Hammarlund et un Collins étaient mis à leur disposition. Cela se passait le 7 janvier 1957.

L’ensemble était logé dans une petite villa avec une cellule de sécurité formée de quatre Moudjahidine commandés par Si Tahar et disposait d’une «famille nourricière» qui s’occupait de l’intendance. Au mois de mai 1957, Hakiki et Azzouz, appelés à d’autres fonctions, furent remplacés par Ali l’Allemand et Houssine. Au cours du même mois, nous découvrions que le Consul général de France à Oujda, très actif, envoyait des Bulletins de Renseignements hebdomadaires (B.R.H.), par motard à la Sous-préfecture de Maghnia qui les transmettait par radio aux Préfectures de Tlemcen, Oran ainsi qu’à la Délégation générale du Gouvernement à Alger.


4. Activités

Dès la mise en place, était ciblée prioritairement l’écoute de tous les réseaux de l’armée française, la gendarmerie, la police et les S.A.S. à travers tout le territoire algérien. Très vite, l’activité prenant une ampleur - insoupçonnée au départ - le Commandement se vit dans l’obligation impérieuse d’étoffer le centre. Les locaux devenant exigus, une grande villa fut mise à la disposition des effectifs alors en place, tout en prévoyant l’arrivée des nouveaux renforts qui allaient affluer. En juin 1957, ceux-ci commencèrent à arriver. Parmi eux : Bakir, Hamza, Lakhdar, Boucif, Farah, Khelil, Belhadj et Kaoukab. L’activité s’intensifiait. L’horaire de travail était de 14 heures en moyenne par jour, calquées sur l’activité de l’armée française qui s’étalait de 6h00 du matin à minuit. Des équipes de veille étaient prévues faisant que l’activité était accomplie de manière rigoureusement continue. A cette époque, la sécurité était assurée par une équipe de quatre combattants sous l’autorité du lieutenant Bouchakour. Une «famille nourricière», celle de Si Mustapha, assurait l’intendance.

Signalons que de tout le Commandement militaire, seuls trois responsables avaient accès à la villa à l’exclusion de tout autre responsable quelque hauts que fussent ses grade et poste hiérarchiques.

En juillet 1957, nous nous rendîmes compte que l’armée française, du haut de son état-major jusqu’aux commandements opérationnels, utilisait des messages codés (chiffrés). Mais vers les brigades opérationnelles, et à cause du manque de chiffreurs, ces messages étaient retransmis en clair. C’est ce dernier mode de transmission qui nous permit de percer le système du chiffrage : nous avions remarqué que tous les messages étaient envoyés par groupe de cinq lettres. Le comparatif entre le message codé et le même en clair nous donna l’explication : chaque groupe binaire (association de deux lettres) renvoyait à un mot. La première - appelée abscisse - et la seconde - appelée ordonnée donnaient, à leur intersection, une case qui contenait ce mot. La cinquième lettre, facultative, n’avait sûrement pour but que de compliquer le décryptage des messages. A partir de là, fut établie la fameuse carte «Charlie-Mike-Oscar » ou Carte Militaire Opérationnelle (C.M.O.). Les messages captés, concernant les opérations militaires, avaient une importance capitale et étaient immédiatement exploités et répercutés par le Commandement de l’Ouest sur les réseaux évoluant à l’intérieur du pays.

Entre fin 1957 et début 1958 furent découverts les réseaux civils français, essentiellement ceux des Préfectures rattachées au Gouvernement général. Ils avaient la particularité de ne transmettre leurs messages qu’en clair à travers des B.R.Q. (Bulletins de Renseignements quotidiens) et des B.R.H. (Bulletins de Renseignements hebdomadaires). Ces réseaux transmettaient en clair parce que convaincus que leur extraordinaire vitesse de transmission (1.600 à 1.800 lettres par minute !) les mettait totalement à l’abri de leurs ennemis. Et s’ils ont été quand même découverts, c’est parce qu’ils ignoraient que deux de leurs anciens opérateurs, ayant suffisamment travaillé dans leurs réseaux de sécurité avaient rejoint la résistance : c’étaient Mohamed et Benaïssa. La grande vitesse de transmission conjuguée au fait que les messages, dont certains atteignaient 450 à 600 lignes dactylographiées directement, imposaient la mise en place d’un troisième opérateur dont le rôle consistait tout simplement à changer les feuilles des deux machines à écrire : c’était Ali l’Allemand. Malgré cela la saisie restait très contraignante. C’est alors qu’un compagnon, Sabri, responsable technique, confectionna un système pour l’utilisation des rouleaux télétypes, ancêtres des rouleaux utilisés dans les fax d’aujourd’hui, améliorant le rendement des opérateurs qui ne devaient pas perdre une miette des messages ennemis.

La machine était lancée dans une organisation parfaitement rôdée et surtout dans un esprit de camaraderie et de convivialité qui avait, pour première conséquence, de doper les effectifs en présence. Les moyens humains et matériels ne cessant de progresser, un autre déménagement s’avérait nécessaire. Et c’est ainsi que cette redoutable machine se retrouva dans une villa encore plus grande : celle de Melhaoui à la fin 1958. A peine les nouveaux lieux occupés, pas moins de trente-cinq opérateurs arrivèrent, frais émoulus d’une formation accélérée, spécialisée dans l’écoute, et dispensée au Centre Kebdani dirigé par le Commandant Hassani Abdelkrim dit Ghaouti, secondé par Si Moussa. Au nombre des trente-cinq figuraient, entre autres, les deux frères Mustapha et Benaïssa Ghribi, Elyebdri Mohamed, Damerdji Abdennour, Bentorkia Kadda, Debbah Mohamed, Mékhatria Ahmed, Abassi Mustapha, Bénali Khaled etc. La liste des trente-cinq est disponible et accessible à tous ceux qui souhaitent en prendre connaissance.

Nous estimons qu’une anecdote a sa place à ce niveau de notre récit : des agents affiliés à l’Office marocain de distribution de l’électricité se présentèrent un jour à la villa, au motif que la consommation électrique était anormalement très élevée et souhaitaient examiner les équipements installés pour rechercher d’éventuelles erreurs de branchement. Le responsable de «la famille nourricière» leur dit : «Mes frères, je ne peux vous laisser entrer. Nous avons regroupé dans cette villa toutes les veuves des Martyrs tombés au Champ d’Honneur». Les agents marocains se retirèrent pleins de compassion.


5. Affinement de la mise en place des structures

A la fin de l’année 1958, fut créé le Service Contrôle Radio de l’Ouest Algérien (S.C.R. / O.A.) dirigé par l’officier Mohamed Benchaou. Ce service était lui-même scindé en deux sections, l’une, sous la coupe de l’officier Salah Ali dit «Bakir», s’occupant de tous les réseaux militaires et de la cellule de décryptage et la deuxième, dont la mission consistait à s’occuper des écoutes civiles (préfectures et réseaux amis), avait à sa tête, comme chef de service, l’officier Lakhdar Abdelhamid dit Benaïssa. Signalons au passage, que c’est Bakir qui mit au point, outre la fameuse carte C.M.O. citée au chapitre précédent, la carte SLYDEX (utilisée pour le décryptage des messages rédigés sur des bases de quatre lettres) ainsi que la carte des fréquences militaires.

En ce qui concerne l’écoute des réseaux amis, celle-ci n’avait pour but que leur protection du «gendarme» des fréquences (le F.V.X. 22), installé à Ben Aknoun et qui intervenait chaque fois qu’un opérateur utilisait une fréquence ne faisant pas partie du bouquet octroyé par l’U.I.T. (Union Internationale des Télécommunications de Genève). Cependant, lorsqu’il était certain d’avoir repéré un poste de l’ALN, il maintenait le contact avec lui tout en informant les goniomètres dont le premier réflexe était de le positionner. A ce moment, les services d’exploitation du Commandement militaire interviennent auprès de l’opérateur pour lui signaler le grand danger qu’il court.

En 1958, une partie du personnel travaillant à l’Ouest fut prélevée pour être acheminée vers la Tunisie, pour renforcer les centres d’écoute de l’Est : parmi eux Lakhdar, Hamza et Kaoukab. Salah Ali dit Bakir, succéda, à l’Ouest, à Benchaou qui, lui, fut appelé à d’autres fonctions aux environs d’avril 1959. Une année après, Lakhdar Abdelhamid (Benaïssa) fut nommé officier, chef du Service Contrôle Radio / Est Algérie (S.C.R. / E .A), où il existait quatre centres d’écoute : deux dans deux villas, la première à Tunis, la deuxième au Kef et les deux autres dans deux casemates, l’une située dans la zone opérationnelle Nord (Ghardimaou), dirigée par le Commandant Bensalem, l’autre se trouvant dans la zone Sud (Tadjerouine), cette dernière étant mise à notre disposition par le Commandant Salah Soufi. Pendant ce temps, l’Ouest comptait trois centres opérationnels : la villa Melhaoui à Oujda, le deuxième et le troisième étant situés respectivement à Bouarfa au sud et à Kebdani au nord. Ces centres faisaient partie de l’organigramme du Commandement Territorial Ouest Algérie, qui avait pour responsable le Commandant Ghaouti et secondé par six officiers chefs des services : Contrôle Radio, exploitation, technique, moyens de chiffrements amis, logistique et instruction. La même organisation existait à l’Est sous le commandement de Laroussi secondé par Abdelilah. Fin 1961, Salah Bakir passa à l’Est et Lakhdar Abdelhamid dit Benaïssa le remplaça à l’Ouest. Mise en place en 1960, et avec quelques mouvements de personnels, cette organisation vécut jusqu’à l’Indépendance. Pendant toute son existence, elle relevait du M.A.L.G. (Ministère de l’Armement et des Liaisons Générales).


6. Epilogue

Sans que personne ne se soit préoccupé de statistiques au niveau des centres d’écoute, nous pouvons avancer, avec une faible marge d’erreurs, qu’entre janvier 1957 et le 19 mars 1962, entre 600 000 à 800 000 messages ont été captés, exploités et ont connu les suites qui s’imposaient. Un tel travail titanesque n’a été rendu possible que grâce au dévouement, à l’abnégation, à la cohésion et à l’engagement des acteurs, tous secteurs et niveaux confondus. Si l’on arrivait aujourd’hui à étaler, d’une part, tous ces messages et, d’autre part toutes les opérations qu’elles ont amené le Commandement militaire à initier, on serait sidéré par le résultat. Plus d’un demi-siècle après l’Indépendance, le public ne dispose que de bribes ! Mais là, nous abordons un autre problème qui, à notre avis, doit être rapidement pris en charge. Il y va tout simplement de notre mémoire collective. Leur mise à jour serait le plus bel hommage qu’on rendrait à tous ceux qui ont connu le sacrifice suprême, pour la plupart d’entre eux à la fleur de l’âge. Aussi, si nous avons omis de citer des noms, ce n’est point parce que nous les avons oubliés ou ignorés, mais tout simplement parce que leurs itinéraires sont mieux connus par d’autres. Un minimum de reconnaissance envers eux et une intégrité du récit qui en parlera feront qu’ils seront toujours présents parmi ces générations qui montent. Quant à nous, ils sont et resteront toujours vivants dans nos coeurs. Gloire à ces Martyrs !

Enfin, pour terminer, signalons qu’à travers les écoutes, nous sommes parvenus à connaître finement certains de nos ennemis, parce qu’ils terminaient les messages qu’ils envoyaient à leurs collègues par des considérations personnelles. Ainsi, lorsque nous fûmes transportés par camions militaires à Tlemcen, en août 1962, nous avons rejoint le siège de la Préfecture à la tête de laquelle se trouvait le regretté Ahmed Medeghri.

Quand il nous reçut, il nous confia la tâche de rejoindre le service des Transmissions, toujours tenu par un Français pour faire, avec lui, un état de tout le matériel disponible. Une fois en face de lui, l’élément du puzzle qui nous manquait - son visage - venait compléter l’image complète que nous avions de lui depuis cinq années. Il nous dit en substance : « la guerre est finie ; nous sommes disposés à ouvrir une ère de coopération et, en ce qui me concerne, je puis vous assurer de tout mon concours et de ma disponibilité ; qu’en pensez-vous ?».

Nous lui répondions: « Monsieur ! Votre code est T.Q.R, vous êtes marié, père de deux filles, votre belle-mère vit avec vous, vous avez pour ami intime Monsieur Soria René, de la Sous-préfecture de Sidi Bel-Abbès, vous avez comme véhicule personnel une Austin Cooper et vous passez vos vacances à Sassel».

Il balbutia : «depuis combien de temps savez-vous cela ?». «Depuis 1957».

* Ancien Officier des Transmissions de l’ALN




Re: Archives guerre d'Algérie. [3703]

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Posté le : 02/12/2010 à 18:07 (Lu 18346 fois)
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LES TRANSMISSIONS PENDANT LA GUERRE D'ALGERIE.

A notre arrivée-nous étions accompagnés d'un officier de liaison et de deux instructeurs- La sentinelle postée devant l'entrée, mitraillette au poing, nous rend un salut impeccable et nous introduit sans mot dire dans les lieux. Il s'agit d'une ferme désaffectée perdue sur le flanc d'une colline. Les murs sont quelques peu délabrés et ressemblent plus à ceux d'une masure de paysans qu'à un établissement où l'on forme d'ordinaire des cadres spécialisés.
Nous traversons un couloir donnant des deux côtés sur des pièces exiguës, informé ment meublées: une petite table, des lits de camp, des notes de service et des graphiques collés au mur. Ce sont les bureaux de travail des instructeurs. Si Mohammed Saïd, un jeune officier maigre et élancé, nous rejoint, arborant un large sourire. A près l'accolade fraternelle que nos maquisards se donnent volontiers après une longue absence ou lorsqu'ils font connaissance pour la première fois, Mohammed Saïd, chef du centre que nous visitons, nous entraîne avec lui. Nous traversons une cour vaste et déserte et nous nous glissons discrètement dans une immense salle rectangulaire dont le toit nu de tuiles rouges fait penser à celui d'un préau.

Un cours d'instruction militaire...
Nous n'avons pas le temps de réaliser où nous sommes. Devant nous, s'offre d'une manière brutale, un paysage compact de tenues Kaki, de nuques dégagées, légèrement penchées en avant. Le maître, un jeune homme robuste, parle sur un ton didactique, accompagnant ses explications de gestes sobres et rares. C'est un soldat que rien ne destinait à la vie militaire. Issu d'une famille aisée de cultivateurs, il a abandonné le lopin de terre paternel, pour se jeter corps et âme dans la guerre libératrice. Deux années de combats continuels ont trempé cette forte nature originaire de l'Ouest de l'Algérie. Un passage dans une école des cadres de l'A.L.N. lui a permis de tirer parti de son expérience, en lui rendant possible de transformer en science rationnelle les connaissances pratiques dont il était pourvu. Maintenant il est officier instructeur, mettant à la disposition de ses compagnons moins expérimentés, les fruits de son labeur et de son courage.
Nous sommes assis à une table du fond où nos voisins se serrent pour nous faire de la place. Personne ne tient compte de notre présence. Aucune tête curieuse ne se retourne pour jeter un coup d'oeil furtif sur les visiteurs insolites. L'instructeur juché sur une estrade, poursuit tranquillement sa leçon. Il se met ensuite à poser des questions. A l'appel de son nom chaque élève se lève et répond : " savoir se poster, voir sans être vu, conserver la liaison avec l'arrière pour assurer le repli..." Il s'agit de la technique du camouflage. Les réponses ne se font pas attendre, elles jaillissent, brèves, tranchantes, sans hésitations aucune, comme la mitraille.
Le maître reprend cependant souvent son élève et développe avec une grande aisance tel ou tel point du sujet. Une impression de chaude fraternité, de discipline, de force et d'intelligence se dégage de cette salle de cours. Les programmes, comme l'a expliqué Mohammed Saïd sont très chargés, jusqu'à 14 heures de cours par jour, mais rien ne laisse transparaître le moindre indice de surmenage ou de lassitude. Partout, des visages nets, rasés de près, reposés, respirant la santé, l'équilibre et surtout cette foi dont la capacité atteint des profondeurs incroyables chez tous nos jeunes Moudjahiddines. Tout à l'heure, nous verrons notre instructeur militaire converser librement avec ses élèves dans la cour, puis battre le rassemblement et les mener à l'exercice en plein air, fusil sur l'épaule...

Une école secrète..
Nous sommes bien dans une école des cadres de L’A.L.N. où une soixantaine de jeunes de 15 à 25 ans triés sur le volet, apprennent à devenir de bons soldats et d'ardents patriotes.
Mais notre école ne ressemble pas aux autres; elle appartient à une catégorie à part. Les étranges pupitres, sur lesquels travaille cette masse de stagiaires sont hérissés de manipulateurs, de prises de courant, de casques d'écoute. Ils font plus penser à une salle de congrès international qu'à un centre d'entraînement de L'A.L.N.
Nous, nous trouvons en effet dans un des lieux les plus secrets de notre A.L.N., où se forment les cadres les cadres de la branche la moins connue de notre Révolution:
Celle des Liaisons et Communications.
Le centre où nous nous sommes rendus, a pour but l'instruction des soldats spécialisés qui doivent faire partie du Corps des Transmissions. En plus d'une formation générale politique et militaire, ils reçoivent une formation technique spécialisée comportant 3 sections différentes.
La première, la plus importante, est celle des O.R. les opérateurs radio. Le niveau minimum exigé est celui des 5-ème des lycées et collèges. Comme dans toutes les écoles de l'A.L.N., le programme est précisé dans un emploi du temps rigoureux, tracé à l'avance et divisé en semaines. Il comporte la lecture au son ( l 'étude du morse) la manipulation du matériel (transmission des signaux), des cours de procédures radio-éléctrique, des notions théoriques d'électricité et des leçons de technologie concernant l'étude du matériel employé, qui devront permettre au futur O.R. d'utiliser convenablement son appareil et de le réparer le cas échéant.
Mes premières semaines du stage, la lecture au son absorbe à elle seule plus de la moitié des heures de cours. C'est à l’occasion de cette matière cruciale dans les écoles de transmissions, que se révèlent les aptitudes pour cette branche. Les inaptes sont au bout de trois ou quatre semaines, soit remis à la disposition des autres services de L 'A.L.N. , soit, lorsqu’ils s’avèrent récupérables et perfectibles, groupés ensemble pour recevoir des cours spéciaux devant leur permettre de rattraper le retard qu’ils ont sur leurs compagnons mieux doués, sans pour cela gêner les progrès de ceux-ci.
Au fur et à mesure que les cours avance, la lecture au son l’instruction militaire générale cèdent de plus en plus le pas à la manipulation, à la technologie, l’écoute et les travaux pratiques dont les heures augmentent rapidement. Le stage des OR, de L’A.L.N. qui dure 3 mois et demi est sanctionné par un brevet d’O.R. de 1ere classe ou de 2eme classe. Les opérateurs radio, après un mois d’activité, reçoivent le grade de sergent-chef ou de sergent des Transmissions, selon leur degré de qualification.

Dépannage radio…
Ces OR, savent normalement accomplir des tâches de dépannage. Mais l’importance de celui-ci est telle que la formation des dépanneurs spécialisés est indispensable. C’est ainsi qu’a pu croître la section de dépannage radio qui rassemble des éléments d’élite. Le brevet et même le baccalauréat sont exigés pour en faire partie. En peu de mots, le conseiller technique du centre, un jeune âgé de 27 ans, ingénieur radio-éléctricien nous explique ce dont il s’agit.
« Le but de notre section de dépannage, nous dit-il est de former à tout prix et en un temps record, des techniciens radio pour la mise en forme du matériel utilisé, le dépannage et même la construction. Les éléments admis dans cette section reçoivent tous les jours, 2 heures de mathématiques ( cours complet d’algèbre des math—élem) et 2 heures de radio ( électricité appliquée. Nous veillons avec soin aux travaux pratiques décisifs dans un domaine comme le nôtre. Nous consacrons une importante partie de notre temps à monter à démonter et à construire des appareils récepteurs et émetteurs. L’insatiable curiosité de nos stagiaires est un stimulant qui facilite grandement notre mission. L’étude des appareils nouveaux les passionne davantage encore. »

…Et régulateurs chiffreurs
L’école de transmissions s’occupe enfin de la formation de régulateurs chiffreurs ; le stage est beaucoup moins long que celui des deux autres sections, mais seuls les militants les plus éprouvés y ont accès. Il s’agit en effet de la branche la plus fermée des transmissions, celle ou l’on élabore les moyens de camouflage pour les réseaux de L’A.L.N. Les stagiaires régulateurs chiffreurs doivent avoir le niveau du brevet au minimum ; ils sont formés par promotion de 20.

Le parachutiste de Godard…
Avant de quitter ce sanctuaire où se forge sans discontinuer une génération de techniciens et de spécialistes élevés dans le culte révolutionnaire de la patrie, soulignons ce fait remarquable que tous les cadres de l’école soient spécifiquement algériens.
Certains ont reçu leur formation dans les premières écoles spécialisées de L’A.L.N. en 1956. D’autre viennent des horizons les plus divers : professeurs, ingénieurs, jusqu’ici dispersés au Maroc, en France ou ailleurs, ancien techniciens de l’armée française promenés au gré des guerres coloniales sous toutes les latitudes. La Guerre d’Algérie les a rassemblés.
Ainsi cette élite rare et disparate qui est arrivée à percer sous la domination française, à force d’intelligence et de courage peut aujourd’hui exploiter en commun ses ressources intellectuelles et techniques et décupler son efficience en unissant son énergie à celle du peuple.
A ce point de vue le cas du chef de l’école que nous venons de visiter à une valeur d’exemple, Mohammed Saïd a fait son instruction dans les écoles de Transmissions de Ben-Aknoun et d’Air de France, prés d’Alger. Il a servi à la 60ème C.T.A.P. (compagnie des Transmissions AéroPortée) à Hydra. Après un cours R.T. passage au 2e R.E.P., à Philippeville, il est envoyé en octobre 1956 en Egypte où il participe, sous les ordres du colonel Godard, au débarquement de Suez.C’est de Port-Saïd en flammes,où il abandonne sa jeep-radio,qu’il s’enfuit ainsi que l’un de ses camarades ,déguisé en pêcheur,pour rejoindre le F.L.N.-L’A.L.N.,lui a assigné une tâche correspondant à sa spécialité,et le parchutiste de Godard est devenu un excellent instructeur de notre jeune Corps des Transmissions.

Un matériel délicat
A l’entrée, un amas d’appareils neufs, enveloppés dans leur house kakie. Ce sont des récepteurs émetteurs A.N.G.R.C.9 de marque américaine. Plus loin c’est un ensemble hétéroclite de haut-parleurs,d’amplificateurs portatifs B.F. de trousses de dépannage. Celles-ci dont le poids n’excède guerre 2 Kilos sont particulièrement adaptés au maquis où l’A.L.N. ne dispose pas à l’instar de l’armée française, de voitures et de camions de dépannage. Nous pénétrons dans la salle d’en face. Quelques jeunes en tenue militaire, portant sur l’épaule gauche, l’insigne des Transmissions, suivent sur un écran ; les différents schémas démeusurément grossis d’un appareil radio. On allume, la salle s’éclaire : sur de longues tables de bois mal poli, un arsenal d’instruments, d’appareils et de pièces de toutes sortes. Nous
Sommes dans l’atelier n° 1 du Centre Technique de dépannage
Pour qui connaît l’extrême délicatesse des appareils radio prompts à se dérégler, et les conditions spéciales du maquis exigeant mille transformations et adaptations de cet outillage afin de le rendre plus pratique et plus facilement maniable. L’importance de ce service paraît évidente. L’atelier N°1 pare au plus pressé : Les récépteurs-émetteurs, ainsi que tous les appareils secondaires, tombés en panne, sont automatiquement démontés et remis en bon état.
L’atelier N°2 se rapproche plutôt du laboratoire. Cest là que sont réalisés tous les travaux de construction depuis le plus petit montage mécanique ( un oscillateur par exemple ) jusqu’au câblage.
Les Transmissions algériennes utilisent en grande partie du matériel monté par leurs propres moyens. Cela s’explique surtout par le fait que l’acquisition des pièces détachées se fait beaucoup plus facilement que celle des appareils tout faits.
Sur une étagère, nous avons pu observer des récepteurs de trafic, des émetteurs de petite puissance( 20 à 50 W) entièrement réalisés par le centre. Ils portent tous, la marque « Armée de Libération Nationale. ,Service des Transmissions »
Des notices techniques à l’usage de l’opérateur (mise en œuvre de l’appareil) et du dépanneur (plus détaillées que les premières) sont éditées par le centre. Chacune porte sur appareil donné : le ANGRC 9
( 20 watts), l’ART 13 (100Watts), le WS 19 (récupéré sur les blindés français) SCR 284(25 Watts, le SCP 300 ou le SCR 284 ( 25 Watts) le SCP 300 ou le SCR 536,portatifs utilisés par les sections en campagne.
Le système nerveux de la guerre
L’aboutissement de tous efforts déployés dans l’école d’instruction et le centre de dépannage, c’est ce magnifique réseau de transmissions qui fonctionne aujourd’hui, 24heures sur 24 heures, reliant dans toutes les directions les différents centres nerveux de notre guerre depuis les départements ministériels du Gouvernement Provisoire jusqu’au P.C. de zone ou même de région, en passant par certains de nos bureaux installés à l’extérieur.
Les compagnies de l’AL.N. en mouvement utilisent généralement des appareils tels que les SCR 536,des SCR 300,les ANPFC 6 et les Téléport 4,en grande partie récupérée sur l’ennemi.
Les récepteurs émetteurs de grande ou de moyenne puissance comme les ART 13( 100 Watts) sont utilisés par les stations semi-fixes installées dans des zones libérées.
Dans une station semi-fixe
C’est une de ces stations qu’il nous fut donné de visiter au cours de notre enquête. L’édifice est situé dans une région retirée. Les habitants du voisinage l’ignorent et les soldats de L’A.L.N. ne soupçonnent même pas son existence. Seuls quelques rares officiers de liaisons en connaissent le lieu. Comme il nous a été expliqué, la station change régulièrement d’emplacement.
A l’intérieur de la bâtisse, règne une animation comparable à celle d’une ruche bien ordonnée. Tout le monde s’affaire en silence et l’on entend que le bourdonnement continuel du morse.
Dans un petit réfectoire, trois jeune gens en uniforme, les cheveux ébouriffés prennent leur repas en devisant à voix basse. On sent qu’ils viennent à peine de sortir du lit, ils avaient travaillé toute la nuit. Après avoir échangé avec eux quelques paroles, nous sommes introduits dans la salle du chiffre. Cette salle n’a rien de particulier, sinon que son accès n’est permis qu’aux régulateurs chiffreurs qui se succèdent par roulement en équipes de trois. Le principe de la séparation du chiffre et de l’exploitation est appliquée ici d’une façon absolue. Les opérateurs reçoivent et transmettent des messages dont ils ignorent le contenu à l’exception des messages en clair. C’est dans la salle du chiffre que les messages révèlent leur sens et c’est pourquoi elle est le seul endroit privilégié où s’entrecroisent les secrets de tout ordre de notre combat.
Les autres salles se ressemblent. Elles sont équipées de gros appareils émetteurs-récepteurs. Dans l’une d’elles, un jeune de 20 ans en blue-jean, opère en silence, écouteurs collés aux oreilles, les doigts passant tour à tour des boutons du récepteur au manipulateur. Il doit passer 6 heures d’affilée dans cette posture, avant qu’un autre opérateur vienne le relever. C’est un lycéen qui a pris le maquis en 1956 et qui a été affecté dans ce centre après avoir fait son instruction dans l’école dont il a été question plus haut.

Une véritable épopée
Cette station demi-fixe est l’équivalent de ce que les Français appellent Poste de Commandement de Réseau ( P.C.R.) ; Elle est équipée notamment de ART 13 et ANGRC 9 qui la retient aux autres stations de commandement de réseau ou à des stations secondaires.
En passant en revue les differents installations des Transmissions algériennes, l’on est frappé par les progrès réalisés dans ce domaine en si peu de temps et avec des moyens si modestes.
Un haut responsable appartenant à ce service nous a retracé l’historique de ces réalisations. Il s’agit d’une véritable épopée qui a commencée il y a 3 ans et qui se poursuit sous nos yeux.
« C’est de bonne heure a-t-il déclaré, que nous avons pris conscience de l’importance des communications par radio. Une guerre à caractère prolongé comme celle que nous menons, exige un système élaboré de communications, permettant de maintenir et de consolider la cohésion de la lutte. La guerre en Algérie repose surtout sur l’initiative locale, mais il est indispensable à partir d’une phase donnée d’assurer un minimum de coordination au sein d’un appareil immense qui s’est compliqué au fur et à mesure de son extension.
3Nous avons commencé à zéro comme au début de toute entreprise de ce genre, l’ardeur de la foi devait compenser la précarité des moyens.
Nous avons commencé par former des opérateurs, le premier stage a eu lieu en 1956,30 jeunes maquisards ont été choisis pour le suivre. Nous étions installés dans un refuge de fortune accroupis à même le sol. Obéissant à un ordre à un ordre du Commandement, nous devions coûte que coûte former en un mois des opérateurs compétents. C’était en plein été ; le manque de nourriture, la chaleur, le surmenage et les alertes continuelles provoquées par l’approche de l’ennemi, n’ont pu entamer notre volonté. Au bout de 21 jours de stage, la moitié de nos éléments prenaient à 900. C’était un résultat stupéfiant, les Français mettaient généralement 10 à 12 mois pour atteindre ce chiffre.
« Des la cinquième semaine, nos stagiaires étaient affectés dans différentes zones. Mais au bout de quatre mois, il nous a fallu prendre acte de l’échec de notre entreprise. Notre matériel était impropre au maquis. Utilisant des appareils- récepeurs-émetteurs pilotés par quartz qui ne permettent qu’une seule fréquence, nos opérateurs n’aient pu accomplir convenablement leur mission. La liaison radio devint une charge supplémentaire et même un danger pour les P.C. de L’A.L.N. Les chefs de zone demandèrent au Commandement de mettre fin à cette coûteuse expérience.
Nous dûmes repenser notre plan initial. Nos opérateurs furent rappelés et regroupés.
« Nous organisâmes pour eux un stage de perfectionnement afin d’en faire des instructeurs. Entre temps un nouveau matériel a été mis à notre disposition.
« Je me rappelle toujours l’émotion que nous ressentîmes mes camarades et moi lorsque nous réussîmes pour la première fois une communication en phonie à l’aide d’un ANGRC 9. Nous étions parvenus à entrer en contact avec un poste ami situé à 800 Kms de nous ! Notre conversation eut lieu en arabe, nous n’en croyions pas nos oreilles.
« Un deuxième stage de 3 mois et demi-conçu uniquement pour des bacheliers et comportant une instruction complète à la fois politique, militaire et technique, fut une entière réussite.
« La voie nous était tracée »
« En avril 1957,le corps de Transmissions de L’A.L.N. était officiellement crée.
« Il nous a fallu par la suite vaincre définitivement les réticences et les appréhensions des chefs de zone déçus par l’échec des premières tentatives. Ils avaient des arguments. Les appareils sont encombrants et, chose plus grave, facilement repérables par l’ennemi. Cependant nos maquisards finirent par comprendre les avantages stratégiques et tactiques d’un système de liaison adéquat par radio : rapidité dans les transmissions des ordres contact permanent entre le commandement et les différents P.C. L’expérience montre que les inconvénients du début furent peu à peu résorbés, tandis que grâce à un matériel efficace et à des spécialistes rodés. L’emploi généralisé de la radio dans les maquis ouvrait de nouvelles perspectives à l’A.L..N. qui voyait son combat se hausser au niveau du E siècle »
Tel est fidèlement recueilli de la bouche de l’un des jeunes pionniers l’Historique des Transmissions algériennes ; Comme toute entreprise féconde, elles ont eu leurs difficultés, leurs incertitudes et leurs drames, leurs héros et leurs martyrs.






Pour que la mémoire des braves (morts) ne soit pas





Re: Archives guerre d'Algérie. [3704]

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Posté le : 05/02/2011 à 12:22 (Lu 18189 fois)
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salam tt le monde.

Re: Archives guerre d'Algérie. [3709]

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Posté le : 21/06/2011 à 01:54 (Lu 17703 fois)
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salam tt le monde wech wene rakoum le oranais?

Re: Archives guerre d'Algérie. [3712]

Arslane

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Posté le : 25/06/2011 à 11:20 (Lu 17693 fois)
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Ils sont à la plage depuis...belle lurette..

Re: Archives guerre d'Algérie. [3713]

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Posté le : 13/07/2011 à 01:00 (Lu 17648 fois)
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il fait tout le temps beau au bled alors.et arslene tu vas quand a la plage?

Re: Archives guerre d'Algérie. [3718]

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Posté le : 16/11/2011 à 20:09 (Lu 16934 fois)
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personne je suis seule super .

Re: Archives guerre d'Algérie. [3730]

lamia

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Posté le : 06/01/2012 à 21:09 (Lu 16602 fois)
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je suis là mon cherif

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