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La Mama s'en est allée [1795]

nadima

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Posté le : 16/05/2006 à 13:38 (Lu 2409 fois)
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Cheikha Remitti, au bout du raï

DECES. Une crise cardiaque a emporté à Paris la grande prêtresse de 83 ans en exil.

Arnaud Robert
Mardi 16 mai 2006

Sa tresse. La tresse noire de Barbe-Bleue, qui s'emberlificotait jusqu'aux reins et vous lacérait le regard par matin froid. Et puis, son sac à main, une besace tannée de vieille dame pleine de secrets, dont elle extrayait des photographies des années 60. Premier séjour parisien, devant la Tour Eiffel. Pas de sourire, juste un soulagement. Cheikha Remitti avait été si bien conspuée pour ses chansons de raï grivois qu'elle avait longtemps refusé de se faire filmer. De sorte que ses parents, bigots, n'apprennent pas qu'ils avaient engendré une starlette de cabaret oranais. Pour troubler les pistes, elle avait choisi un pseudonyme de cafetière. Remitti, parce qu'au bar, elle lançait dans un français-harissa son injonction aux serveurs, «Remettez ça, remettez ça». Cheikha, lundi, a remis ça. Elle s'est rendue au siège de la Sacem, la société française des droits d'auteur, pour aller s'assurer qu'elle serait rétribuée pour sa prestation de samedi, avec Khaled au Zénith de Paris. Ils ont dit «pas de problème». Et puis, elle est morte, de répit. Elle avait 83 ans.

Cheikha Remitti, née le 8 mai 1923, en aura vu passer des trains en retard et des promesses non tenues. Il y a quelques mois, on disait même qu'elle se faisait hacher menu par un manager de compétition. Si vous la rencontriez, elle vous tendait immanquablement les preuves du délit. Des cassettes pirates qui portaient son nom, des oncles qui finançaient le disque de leur neveu en ajoutant un titre volé de Cheikha. Une pluie de contrefaçons qu'elle avait tenté de contrer à sa façon, en se mettant à la musique électronique (Nouar, 2000), ou en chantant avec des jeunes, pour «ne pas leur laisser seuls récolter ce que j'ai semé». Une semeuse, oui. Toute sa vie, depuis les cabarets d'Oran, elle avait travaillé les intégristes rasoirs et les moralistes glabres. Elle entonnait les amours lustrées, le sexe heureux. «Les autres s'amourachent du beau mec/Moi de l'expérimenté». Pas trop de métaphore soufi. Juste la vie d'une femme qui n'accepte pas qu'on lui dise quelle robe enfiler.

A 80 ans, de loin, on aurait dit une petite paysanne algérienne, au dos voûté. De près, elle était impérieuse, médusante. Et sa voix, poncée aux clopes et au vin noir, avait pratiquement inventé la rauque attitude algérienne. Celle qui consiste, aujourd'hui encore, à ne pas laisser tout le champ libre aux barbants. Elle racontait souvent comment, pendant l'occupation française, elle devait manger de l'herbe, se vêtir de vieux matelas. Comment elle avait survécu à la misère et que rien ne la tuerait, sinon un microphone sans jus. En 1954, Cheikha Remitti avait sorti son premier disque. Produit par un père de dix enfants, Cheick Mohamed Ould Ennems, avec lequel elle passait ses nuits. Débarquée à Paris en 1978, parce que des Algéroises étaient en train de lui chouraver sa réputation, elle chante au Bedjaïa Club, près de la Station Stalingrad. Un morceau d'Oran à l'étranger, une succursale du raï.

Interdite d'Algérie pendant les massacres, Cheikha Remitti se fait une raison. Elle enregistre avec Robert Fripp, l'ancien guitariste de King Crimson, qui lui met du bruit dans les oreilles. Derrière son khôl, elle aperçoit la cohorte de Cheb, de «petits», Cheb Mami, Cheb Khaled, qui remplissent les salles et font des millions avec les bibelots de la grand-mère. Elle ne leur en veut pas. Même s'il aurait fallu la voix d'une féministe racée, d'une révolutionnaire en l'âme, dans cette célébration, assez démentie depuis, de la France black-blanc-bleur. Cheikha chantait l'indépendance. Parce que, après son Indépendance, celle de l'Algérie, elle avait commencé à donner de vrais concerts. «Nous allions souvent à la campagne cueillir des fleurs et faire l'amour.» Le paradis. Pour toujours.







Re: La Mama s'en est allée [2055]

rizlene

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Posté le : 04/09/2006 à 23:14 (Lu 2380 fois)
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Cheikha Rimitti


Dédiée à Cheikha Rimitti qui nous a quittés récemment, la 16è édition du Festival du raï - à Oran et Aïn El Turck - a consacré une soirée au raï féminin avec une pléiade de célébrités comme Fadéla, cheikha Rabéa, cheikha Nedjma, Warda, Kheira, Djenet et, pour la première fois, cheba Djihane du groupe Chihab de Sidi Bel Abbès. En attendant la confirmation d’un événement parisien pour honorer la mémoire de la Rimitti, certaines dates de sa tournée sont maintenues et accueilleront Cheikha Rabia, Cheba Fadela ou Zahouania.

La célèbre Cheikha Rimitti s’est éteinte, le 15 mai, d’une crise cardiaque à son domicile parisien. La mamie du raï semblait surfer jusque-là sur les décennies et se refusait à vieillir. Agée de 83 ans, elle était récemment revenue au devant de la scène, à la faveur d’un album et d’une tournée, pour le plus grand bonheur de ses fans nombreux sur les trois continents. Intitulé N’ta Goudami, ce dernier opus est sorti le 28 novembre.

Née Saadia Bedief à Tessala près de Sidi Bel Abbès, orpheline dès son plus jeune âge, amenée à danser puis à chanter pour gagner sa vie, elle partagera une vie sur les routes avec une troupe de musiciens rencontrée dans les années 40. Animant de sa voix rauque, à la façon de la chanson bédouine, les fêtes patronales de l’Ouest algérien, celle que l’on surnommera Rimitti, de l’expression "remettez-nous à boire !", réalise un premier enregistrement paru en 1952 chez Pathé Marconi. "Er-Raï Er-Raï" sera suivi deux ans plus tard de son fameux "Charag, gataa" (Déchire, lacère) qui disait déjà la fièvre des étreintes charnelles : "Il me broie, me bleuit / Il m’attise.... il m’abreuve / Je dis je pars et je passe la nuit / Malheur à moi qui ai pris de mauvaises habitudes...". Ses chansons sont alors diffusées à la radio.

Tantôt lascive, tantôt enjouée, les paumes toujours teintes au henné, accompagnée d’une flûte (gasba) et d’une percussion (guellal), l’ancienne paysanne analphabète instruite par la pauvreté chantera pendant un demi-siècle un raï hérité de l’art poétique des bédouins. Jusqu’à sa disparition, son répertoire de quelque deux cent chansons ne s’encombrera pas de métaphores pour célébrer l’amour et les plaisirs interdits. Figure très populaire de la chanson mais ignorée des scènes publiques de l’Algérie indépendante qui la trouvaient décidément trop sulfureuse, Cheikha Rimitti s’est établie en France à partir de 1978.

Longtemps cantonnée aux soirées des cafés maghrébins de Paris, Lyon et Marseille, c’est seulement en 1986 qu’elle apparaît au Festival de raï de Bobigny, puis à la Grande Halle de la Villette à Paris. Une programmation "hors les murs" exceptionnellement à l’initiative d’un établissement public algérien, l’Office Riadh el Feth, qui parraine en outre l’enregistrement à cette occasion d’un album de la Cheikha publié à 5.000 exemplaires. Elle se plaindra ensuite d’être également ignorée des programmateurs européens au bénéfice des chebs. Des chebs et chebbates qu’elle tancera maintes fois pour la piller sans retenue en enregistrant ses chansons.

Il lui faudra attendre le début des années 90 pour revenir sous les projecteurs, séduisant au passage les grandes scènes européennes. 1994 est l’année d’un premier concert à l’Institut du Monde Arabe à Paris. L’enregistrement public réalisé à cette occasion fera la matière de Aux sources du Raï dans lequel on retrouve en particulier "Charrag, gataa", "La Camel" et "Dabri". La même année paraît Sidi Mansour qui marque la mue "électrique" de Rimitti, un album produit à Paris et Los Angeles par Houari Talbi en présence de Robert Fripp, le célèbre guitariste de King Crimson, et de Flea le bassiste des Red Hot Chili Peppers. En l’an 2000, Nouar qui a été arrangé par le vétéran Mohamed Maghni obtient le Grand prix du Disque de l’Académie Charles Cros. C’est enfin l’époque de concerts sur les trois continents comme ce fut le cas en mars 2004, à Pordenone en Italie, à l’invitation de l’écrivaine Assia Djebar.

Cinq ans plus tard N’ta goudami consacre avec succès le virage électrique de la Cheikha. Elle était, le 13 mai au Zénith de Paris, à l’affiche du "Festival 100% Raï" aux côtés de Khaled, Zahouania et des jeunes recrues du répertoire. La Rimitti a tiré sa révérence au milieu d’une tournée.
Après une cérémonie au cimetière musulman de Bobigny dans la banlieue parisienne, le corps de la défunte a été rapatrié le 19 mai à Oran où il a été inhumé au cimetière de Ain el-Beida.



Re: La Mama s'en est allée

rizlene

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Posté le : 05/10/2006 à 00:40 (Lu 2360 fois)
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RIMITTI au cabaret sauvage

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