Alors que la contrefaçon bat son plein sur le marché national
Les associations de défense
des consommateurs sont quasi absentes
sur le terrain
Globalement, un produit sur deux commercialisé
en Algérie est le fruit de l'industrie de la contrefaçon..
Lundi 27 Juin 2005
Par Samira Imadalou
La contrefaçon qui sévit à l'échelle mondiale est loin d'épargner l'Algérie. Les produits contrefaits localement représentent un taux de 40% alors que le pourcentage des produits importés est estimé à près de 41,4%. Globalement, un produit sur deux commercialisé en Algérie est le fruit de l'industrie de la contrefaçon qui s'attaque aujourd'hui à tous les secteurs. Ce fléau du commerce mondial a, en effet, ouvert un champ important de risques en matière de santé et de sécurité.
Selon M. Zahi Amar, 2% des médicaments mis en circulation dans le monde sont des faux médicaments. Même les produits utilisés quotidiennement, à l'image des jouets, des appareils domestiques et des pièces de rechange automobiles font l'objet de contrefaçon, mettant ainsi la santé et la sécurité du consommateur en danger. C'est le cas en Algérie, où les atteintes à la santé et à la sécurité des citoyens sont quotidiennes.
Absences de prérogatives en cas de dépassements
Des atteintes encouragées par le manque d'efficience des associations de consommateurs. Certes, elles sont une soixantaine à avoir été agréées jusque-là sur l'ensemble du territoire national mais elles ne jouent pas leur rôle en tant que défenseur des droits des consommateurs.
Des consommateurs qui ignorent leur existence dans la majorité des cas. «Nous n'avons pas les prérogatives pour réagir en cas de dépassements»,
se plaint le représentant de l'Association de protection du consommateur et de son environnement de la wilaya de Tipasa, rencontré le 14 juin dernier à l'occasion du premier séminaire régional sur la contrefaçon et la protection du consommateur organisé par le ministère du Commerce à Alger et marqué, faut-il le noter, par l'absence brillante des associations invitées. «Sur les 35 associations que nous avons invitées, seules huit ont jugé utile de venir assister au séminaire», nous a confié un représentant du ministère du Commerce avant de préciser qu'une journée complète a été consacrée aux thèmes liés à la protection des consommateurs.
D'autres regroupements similaires sont également prévus à l'est et à l'ouest du pays vu l'importance du dossier et son impact sur la santé du citoyen qui ne sait plus à qui se plaindre en cas de dépassements d'autant que l'intervention des associations ne se fait pas sentir.
Veiller à l'application des lois
«Notre rôle se limite à la sensibilisation des citoyens à travers un plan d'action que nous avons remis à la tutelle pour avoir la subvention», a d'ailleurs reconnu le représentant de l'association de Tipasa, tout en précisant que le programme de l'association qu'il représente est appliqué sur le terrain en collaboration avec le ministère du Commerce. C'est le cas, en effet, pour l'ensemble des associations agréées. Car les subventions qui ont atteint les 10 millions de dinars (au profit d'une trentaine d'associations) en 2004 ne sont octroyés, selon les explications fournies par les responsables du secteur qu'aux associations disposant d'un programme d'action, lequel doit être avalisé par une commission installée à cet effet. Cependant, en réalité, l'image est tout autre. Les subventions existent mais les actions concrètes sont absentes sur le terrain en raison de la faiblesse du mouvement associatif dont le rôle essentiel est de protéger la santé du consommateur et sa sécurité vis-à-vis des produits commercialisés. En d'autres termes, les associations régionales n'ont pas réussi à s'affirmer sur le terrain. «Il y a eu l'idée de créer une fédération nationale des associations de protection de consommateurs quand Boukrouh était ministre du Commerce, mais certains n'étaient pas d'accord sur l'appellation», nous a expliqué le représentant de l'association de Tipasa. Et de préciser : «On ne savait pas s'il fallait opter pour l'union ou la fédération.» Un projet de création d'une association d'envergure nationale a finalement buté sur une simple formalité d'appellation alors que le combat est ailleurs. Il est dans la protection des intérêts du consommateur. Des intérêts qui risquent de s'amenuiser avec l'ouverture de l'économie nationale et la prochaine entrée sur le marché national de tous types de produits si le mouvement associatif continue à sombrer dans la léthargie actuelle. L'essentiel est de veiller à l'application des lois puisqu'elles existent déjà. Un large éventail de textes réglementaires a été pris depuis le début des années 1990, notamment la loi 89-02 relative aux règles générales de protection du consommateur. Mais les négociations engagées par l'Algérie depuis 1996 avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont amené les pouvoirs publics à expertiser l'ensemble du dispositif pour vérifier sa conformité aux règles découlant des accords signés dans le cadre de l'accession de l'Algérie à l'OMC.
S. I.
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